dimanche 20 novembre 2016

Lacuna Coil + Forever Still + Genus Ordinis Dei

Que faire un dimanche soir à 20 h ? Eh bien, la solution de facilité est de regarder la télévision. Qu'y avait-il sur les petits écrans au soir du 20 novembre ? Quelques journaux consacrés aux primaires de la droite en vue des élections présidentielles de 2017 (oui j'aime être précis) ou Zorro. Il y a bien quelques autres chaînes mais je ne suis pas le programme TV. J'avais aussi la possibilité d'aller écouter un concert de hard rock. « Choix cornélien ! (rien à voir ni avec l’oiseau ni avec le chanteur qui vient de loin) » me direz vous. Coté pile, nous avions donc les primaires mais une fois les résultats connus je ne voyais pas l'intérêt de regarder des gens se paraphraser, être heureux, malheureux, pleurer seuls ou même à deux. Côté face, l'inaltérable Zorro se proposait sous sa cape, l'épée à la main tel un vieux monsieur au regard étrange en imperméable devant une école primaire. Mais je décidai de ne pas regarder ce Monsieur Renard (rien à voir avec Bertrand ni avec Renaud) harceler ce pauvre soldat parce qu'il a trop abusé des fajitas de l'auberge locale. Je tranchai donc et allai voir le concert, ce qui n'est pas vraiment une surprise pour un lecteur de ce blog...

À mon arrivée, alors que la tempête Nanette qui devait être dévastatrice avait accouché d’un pet de lapin, la véritable fureur était dans la salle. Le grand chanteur chevelu du groupe Genus Ordinis Dei s'excitait nerveusement sur sa guitare comme un adolescent sur ...ce qu'il a sous la main, en chantant ou pour un public non initié en poussant des cris gutturaux, comme ce même adolescent trahi par la mue de sa voix. A ses côtés se trouvaient un bassiste et un guitariste encapuchonnés tandis que le batteur comme puni par sa maîtresse était derrière, dans un coin de la scène. Le death métal du groupe, un peu dans le genre de Children of Bottom était joué très fort. Il n'était pas mauvais même si je ne suis pas spécialement amateur de cette forme de chant. De plus, j’eus l'impression que toutes les introductions des morceaux étaient constituées de la même façon : une partie au clavier pour donner une ambiance pesante puis un rythme de batterie faisant « tatata tatatatata » (pour les puristes de la batterie qui comprendront). Les lecteurs attentifs auront remarqué que je parle de clavier mais que je n'ai pas cité de joueur de clavier, et penseront à un oubli de la part de l'auteur de cette critique. Eh bien non, ce n'en n'est pas un car pour ce groupe comme pour les deux autres à venir, les parties au clavier étaient jouées depuis « l'au delà » et non depuis la scène... Après trente minutes de musique plutôt dure, les musiciens se déridèrent et avant de quitter la scène jetèrent aimablement leur médiator à quelques fans adressant quelques signes qui ressemblaient au salut klingon au public. Celui-ci répliqua par des signes de cornes (salut bien connu dans le milieu du hard rock), des poings levés genre Black Panthers, des bras levés genre publicité pour déodorant ou de simples applaudissements plus simples mais aussi plus compréhensibles.



La lumière apparut et alors que je n'avais jusque là rien remarqué de particulier dans le public je vis des coupes de cheveux étonnantes qui avaient des couleurs dont j'ignorais jusque là l’existence. Parmi les spectateurs il y avait un fan de matrix vêtu d'un grand manteau noir avec d'énormes pattes tombant sur les joues, une fille avec une coiffure digne de double face dans Batman puisque ses profils droit et gauche étaient totalement différents mais surtout le sosie de John Travolta dans Pulp Fiction quand Vincent Vega vient de sauver Mia Wallace de son overdose et qu'il rentre chez lui en voiture, l’œil fatigué, le teint pâle et le visage un peu bouffi. La seule différence entre Vincent Vega et notre amateur de gros son est le costume qui était ici remplacé par une robe longue qui dévoilait deux mollets poilus. Le public calme semblait avoir plutôt apprécié ce premier groupe, comme cette personne qui dit à une autre : « c'était pas mal, y a plus bourrin, là y a des mélodies ».

Le second groupe à faire son apparition était Forever Still. Il était composé d'une chanteuse qui se plaça derrière un pied de micro représentant deux mains liées, d'une guitariste, d'un bassiste et d'un batteur tous aussi chevelus les uns que les autres. Ils arboraient non pas des tatouages comme je le pensais quand ils sont entrés sur scène mais des traits épais de peinture noire dont je cherche encore la signification. Le manque de place sur la scène dû au matériel déjà installé de la tête d'affiche poussait le grand bassiste à se mouvoir tel un lion en cage. Le début du concert était presque pop mais bientôt il devint beaucoup plus hard et métal au gré des cris de la chanteuse : la jolie Danoise ayant une palette vocale assez intéressante allant de la douceur sensuelle au cri rageur. Musicalement, le groupe n'était pas éloigné de Within Temptation ou d'Evanescence. Je décidai d’ailleurs de partir au Danemark avec la guitariste et la chanteuse mais me ravisai quand je compris qu'il faudrait que j'amène le bassiste et le batteur dans mes bagages. 



La lumière revint et quelqu'un proposa d'aller chercher des bières. Vingt-et-une personnes se tournèrent vers cette âme charitable puis vingt d'entre elles (dont moi) se retournèrent comprenant que la proposition ne leur était pas adressée. Un peu plus tard, pour la première fois depuis bien longtemps un début d’embrouille éclata entre deux spectateurs, je n’enquêtai pas et laissai la tête d'affiche de la soirée se mettre en place.

L'obscurité faite, une musique cosmique retentit. Les membres de Lacuna Coil se positionnèrent sur la scène tous vêtus d'une combinaison blanche maculée de taches sombres et tous plus ou moins maquillés ou peints. Le batteur, qui avait deux de ces combinaisons blanches avec des inscriptions et deux masques suspendus derrière lui, portait une capuche et avait le visage grimé en tête de mort. Le maquillage du bassiste le faisait ressembler à un clown quand le guitariste affichait un trou de balle dans le front (je ne ferai pas de blague sur sa supposée souplesse). La chanteuse paraissait être griffée tandis que le chanteur avait le cou et le bas de la tête peints de noir. J'écoutai attentivement le concert essayant de comprendre ce que pouvaient être ces combinaisons : des tenues de cosmonautes (en relation avec la musique d'introduction), des uniformes de prisonniers, des camisoles de force ? Qu'étaient ces tâches ? De la terre ? Du cambouis ? Du sang ? Du ketchup ? Ces cinq personnes s'étaient elles crashées sur une planète lointaine ? Dans ce cas les taches ne peuvent être dites de terre mais être pourquoi pas des traces de mars (et non de toi, merci Alain et non de barre chocolatée). Me demandant si on devait parler d'ammarsage raté, je vis la chanteuse revenir des coulisses avec une espèce de robe de mariée, elle aussi tachée (certainement par le gâteau de mariage parfum chocolat framboise). Ne comprenant décidément rien au concept, je me consacrai à la musique du groupe. Alors que je m'attendais à des morceaux ressemblant à Within Temptation, j'eus la surprise d'entendre des chansons plus proches de Theatre of Tragedy. En effet, le groupe Italien, influencé par Type O Negative jouait un métal assez gothique et assez lourd dans lequel le chanteur mais aussi parfois la chanteuse poussaient quelques cris. Après une grosse heure de concert et un court rappel, chacun rentrait chez soi. De mon coté je repartais perplexe. Les concerts avaient été assez bons mais j'étais passé à coté des différentes histoires que les groupes étaient venus me raconter alors que j'avais totalement adhéré il y a peu au rap venu d’outre-Rhin. Le monde était-il en train de changer ? Pris par ce vertige, je décidai que la seule chose à faire urgemment était d'aller me coucher.


Pour les plus curieux, voici des vidéos des références citées :



vendredi 28 octobre 2016

Puppetmastaz + WL Crew

Échaudé par mon retard lors du dernier concert relaté sur ce blog, j'arrivai cette fois-ci avec vingt minutes d'avance.Décidant de ne pas perdre définitivement celles-ci du reste de ma vie, je m'installai dans la salle et j'en profitai pour observer discrètement le public qui arrivait au compte-gouttes. Celui-ci était moins âgé que la fois d'avant et c'est bientôt quatre jeunes filles qui se présentèrent dans le couloir menant à la salle de concert. Elles s’arrêtèrent et comme un seul homme, ouvrirent une porte sur leur gauche sur laquelle un logo noire symbolisant une femme était dessiné. Deux d'entre elles portaient un sac ou une besace. Quelques minutes plus tard, elles ressortirent toutes les quatre ensemble. Ayant du temps à gagner, je me mis à réfléchir au fait que les filles évitent d'aller aux toilettes seules. Je pensai tout d'abord que les deux filles au sac avait un besoin plus ou moins pressant et qu'elles avaient besoin que quelqu'un de confiance tienne leur accessoire le temps qu'elles se soulagent. Mais une seule personne aurait suffit pour tenir deux sacs. De plus, la ou les porteuse(s) aurai(en)t pu rester dans le couloir car elle(s) n'avai(en)t aucune raison d'entrer dans cette zone si souvent allègrement parfumée. Les quatre protagonistes devaient donc avoir le même besoin en même temps. Ceci me fit me remémorer une étude que j'avais lue sur les cycles menstruels des religieuses (quel que soit leur parfum, y compris menthe) dans les couvents. En effet, il semblerait qu'au bout d'un certain temps, la proximité entre les femmes influe sur ceux-ci, jusqu'à ce qu'ils finissent par tomber au même moment (cette étude aurait pu être mentionnée dans la rubrique « le saviez-vous ? » de ce blog, si celles-ci chantaient aux toilettes, ce que j'ignore pour l'instant). J'avais trouvé la solution : ces quatre amies se côtoyaient tellement souvent qu'elles avaient fini par harmoniser leur cycle menstruel... Puis, je me mis à douter qu'il y ait autant de toilettes dans le local prévu à cet effet et que si cette théorie avait été juste, cela aurait signifié que celles-ci s'étaient relayées sans pour autant sortir de la pièce (ce qui n'aurait aucun sens). J'échafaudais bien d'autres théories qui menèrent toutes à une impasse. Il n'y avait qu'une seule solution à cette équation à quatre inconnue : « l'espèce » étudiée était complètement illogique et incompréhensible. Cette découverte, qui même si, me glisse-t-on à l'oreille était déjà connue, venait d'être enfin démontrée. Fort de cet exploit, je pouvais attendre serein la première partie du concert. 
WL Crew, un groupe de hip-hop entra bientôt sur scène : un dj puis trois chanteurs. Après deux ou trois morceaux, un nouveau chanteur remplaça le chanteur principal avant que celui-ci ne le soit à son tour. Au total, pour ceux qui n'auraient pas suivi, il y avait cinq chanteurs en tout mais pour chaque morceau, seuls trois étaient sur scène : un chanteur principal accompagné de deux autres qui ponctuaient les rimes. Le crew soi-disant bordelais, mais en fait des environs de Jonzac, était venu avec parents, adossés contre les murs de la salle et amis à casquette, survoltés devant la scène. Son hip-hop, façon Orelsan, n'était pas mauvais, les voix plutôt correctes et les textes... Dois-je parler des textes ? Eh bien, je vais préférer écrire qu'au moins un public non initié était capable de les comprendre ; ce qui n'est pas si fréquent. Au bout de 45 minutes, le groupe laissa la scène comme il l'avait trouvée : avec un paravent de deux mètres de haut et parcourant toute la scène.



Quelques minutes plus tard Puppetmastaz, le spectacle de marionnettes allemandes qui chantent du rap, pouvait commencer. 
J'avais prévenu lors de mon dernier article que le sujet du suivant (celui-ci donc) serait étrange. Cinq rappeurs parlant dans un mélange de français, d'anglais et d'allemand, cachés par le paravent, nous racontèrent une histoire empreinte de magie et d'arts martiaux avec des skateboards et des pommes de terre, avec Bouddha et Elvis, avec des gentils gentils et des méchants méchants et avec bien d'autres choses. Ils prêtaient leur voix et leurs chants à des marionnettes, genre Muppet Show, la plupart du temps au profil animalier, qui se relayaient sur le paravent. Celles-ci dansaient, chantaient (évidement), jouaient la comédie, faisaient rire les quelques enfants présents ainsi que les adultes. Les éclats de rire et les effets spéciaux bon marchés étaient nombreux. Musicalement on aurait pu se croire à un concert de Cypres Hill, de House of Pain ou du Wu Tang Clan. Vocalement la palme revient à une espèce de canard (logique) qui avait un débit assez phénoménal. A la faveur, non pas de l'automne mais d'un des effets spéciaux, les cinq rappeurs apparurent devant le public exalté, le temps de trois morceaux, puis reprirent leur place derrière les marionnettes, véritables stars de cette comédie musicale, bien plus intéressante et rock 'n' roll (grâce à Elvis, ha ha) que les classiques du genre. Les marionnettes avaient d'ailleurs plus de charisme, de vie et de présence scénique qu'un … (cet article est interactif, vous pouvez remplacer les points de suspension précédents par le nom du chanteur de comédie musicale que vous détestez le plus). Étant parti dans un monde féerique, je ne sais combien de temps a duré le spectacle et quand la lumière revint, il fallut prendre quelques secondes pour se réinsérer dans la réalité. Croisant quelques regards, j'eus la certitude que je partageais la même opinion que les autres membres du public : ces Allemands n'étaient pas des guignols...


Pour les plus curieux, voici des vidéos des références citées :



lundi 24 octobre 2016

Kadavar + Stray Train

Ça y est ! C'est enfin la rentrée ! Et tel un étudiant en histoire, je reviens aux affaires, en cette fin octobre, la mine enjouée et taillée (pour les connaisseurs, remarquez cette superbe figure de style). Après quelques recherches, je remarque que l'étudiant en question ne reprend les cours que fin novembre. C'est la rentrée, donc, mais grâce à mon organisation phénoménale, j'ai réussi l'exploit, malgré l'absence de concert, d'alimenter en articles ce blog savoureux. Oh non ! ne me remerciez pas, c'est un plaisir ! 

Pour ce premier concert, je suis arrivé presque à l'heure. Je fus tout de même surpris d'entendre, alors que je prenais ma carte de membre (car j'ai un beau membre) et quelques places de concerts à venir, que la première partie jouait déjà. En effet, il faut savoir qu'à Cognac, si le concert se passe en semaine, il démarre à l'heure, si c'est le week-end, il commence avec une demi-heure de retard. Étant lundi et presque à l'heure, j'étais donc en retard, CQFD. Alors que j'entrais dans la salle clairsemée, les slovènes de Stray Train jouaient donc déjà un métal blues rock vintage plutôt réjouissant. Le groupe était composé d'un batteur spécialisé en tournage de baguettes (un ancien boulanger peut-être), d'un chanteur guilleret dont la voix me faisait vaguement penser à celui d'Helloween, d'un bassiste et de deux guitaristes. Les musiciens avait l'air plutôt jeunes à l'exception de l'un des guitaristes plutôt excellent (re-figure de style, je me régale). Ce vieux barbu, en effet, ponctuait les morceaux de solos aussi précis que savoureux. Les chansons rythmées sans être trop agressives se laissaient écouter avec plaisir. Le chant était juste, même si à titre personnel, j'aurais préféré qu'il soit un peu plus puissant. Le seul bémol (ha ! ha !) concerna la dernière chanson, qui fut bien trop calme pour clôturer cette demi-heure de grande qualité.



30 minutes plus tard, Kadavar prenait possession de la scène devant un public devenu nombreux. Parmi celui-ci j'avais déjà remarqué durant la première partie un trio avinagaçant (création d'un mot-valise, je n'épargnerai rien à mes lecteurs aujourd'hui) parlant relativement fort. En effet pour entendre des membres du public parler pendant un concert de hard rock, il faut qu'ils aient une sacrée voix. Celui-ci était composé de deux hommes grisonnants et d'une femme d'âge indéterminé. Le plus excité du groupe semblant apprécier le spectacle plus que de raison, mimait les instruments des musiciens y compris certains qui n'existent pas encore, son compère l'encourageant en dansant comme le faisait Isidore dans les émissions de Claude Pierrard, en fléchissant les deux genoux en même temps et faisant ainsi des allers-retours verticaux tel un Zébulon monté sur ressort. Leur amie, quant à elle, ondulait lascivement des fesses comme si elle travaillait depuis trois ans au Vanilla Unicorn. Outre ces trois énergumènes, le public pour ce type de concert était plutôt étrange. En effet il y avait beaucoup de personnes relativement âgées et non typiques : il n'y avait qu'une seule crête par exemple, la mienne. Merci à mon nouveau coiffeur qui a cru bon de m'écouter quand je lui ai dit qu'il avait carte blanche... Une dame demanda même à l'entracte quel était le nom de la tête d'affiche, alors qu'elle était censée avoir pris son billet pour entrer et qu'accessoirement le nom du groupe était écrit sur scène avec des lettres de quatre mètres de hauteur. J'en vins à me demander si les résidents de la maison de retraite n'avaient pas creusé un tunnel pour s'évader et qu'ils avaient atterri directement dans la salle.

Mais Kadavar était trop occupé pour se demander si ce public leur conviendrait. En effet, trois immenses gaillards barbus et chevelus s'activaient déjà sur scène. La batterie avait été avancée au plus près du public et plusieurs ventilateurs étaient allumés autour d'elle, ce qui augurait d'un show fort et brûlant. Le batteur, cheveux au vent, martelait ces fûts avec fureur (comme en 33) accompagné d'un bassiste dont l'instrument était étrangement aigu et qui me fit penser, sans que ce soit désagréable, à un canard. Le troisième membre du groupe n'était autre que le guitariste et chanteur, même si sa voix était malheureusement étouffée par les instruments. Les morceaux étaient teintés d'inspiration 70's, de Led Zeppelin à Black Sabbath et c'est avec tristesse (détresse ?) que notre trio de spectateurs vit l'autre trio sortir de scène après une acclamation méritée. Les lumières rallumées, quelques personnes cherchèrent le médiator (pas le médicament) jeté par le chanteur au public. De mon coté, je ne trouvai que mes tympans sur la moquette douteuse. Une fois ramassés, je me frottai déjà les mains de revenir quatre jours plus tard pour un tout autre genre musical et pour un spectacle qui devait être bien étrange...


Pour les plus curieux, voici des vidéos des références citées :



samedi 27 août 2016

Michael Jones

Un groupe de fans, étant très inquiet du fait qu'il ne voyait plus de nouveaux articles depuis plusieurs semaines sur mon blog, m'a contacté en m’implorant de couvrir le festival de Langon. Mes fans faisant partie de l'élite intellectuelle mondiale, j'ai accepté cette invitation sans trop savoir à quoi m'attendre. Quelle ne fut pas ma surprise quand je découvris que le festival en question était en fait une foire aux vins et aux fromages. N'écoutant que mon courage, j'avalais quelques centaines de kilomètres avant de faire de même avec quelques verres de vin et quelques morceaux de fromage. Ces dégustations terminées, je pouvais m'installer à la table d'un restaurant ambulant, entouré de ces admirateurs, afin de déguster un confit de canard un peu trop cuit et un vin un peu trop mauvais. 
C'est au milieu du repas que le concert débuta. Michael Jones (rien à voir avec Jackson ou Elton) accompagné de quelques musiciens entra sur scène. Trop occupé à dépiauter mon canard (très bon malgré le surplus de cuisson) et à ne pas gaspiller le vin (pas terrible malgré les personnes délicieuses qui m'accompagnaient), je n'écoutais que d'une oreille très distraite le début du récital. Je trouvais celui-ci plus du niveau du vin que de celui du canard.
Dans le restaurant, néanmoins un jeune enfant de deux ans semblait apprécier le spectacle. Le petit Gabroche (préservons son anonymat) dansait comme s'il était à un concert de Slipknot (pour ceux qui ne connaissent pas, ses parents notamment, c'est de la musique qui bouge un petit peu...). Ma voisine de table, quant à elle, dégustait son vin à l'aide d'une paille comme si elle était sur une plage d'Hawaï en train de siroter un mojito, offrant un spectacle plus surprenant que ce qu'il se passait sur scène un peu plus loin. En effet, Michael était en train de faire quelques reprises assez pauvres dont « Walking in Memphis ». J'aurais presque préféré entendre la reprise de « Sweet dreams » chantée par Sylvie Vartan. Mais il sait faire rêver son public le bougre. En effet, à un moment il a annoncé un « truc magique jamais fait » devant les « oh » et les yeux écarquillés du public. Et que croyez vous qu'il arriva ? Il changea l'eau en Cognac ? Il fit se lever le soleil en pleine nuit ? Il réussit une reprise correcte ? Non ! Non ! Et non ! Il changea de guitare..... C'est qu'il est drôle le Michael ! d'ailleurs il a fait quelques blagues et il en a bien ri, d'un rire aussi pourri que ses blagues de surcroît. 
Mon dessert étant avalé, je décidai de me rapprocher un peu de la scène pour voir si le spectacle allait s'améliorer. Le décor plutôt sommaire était uniquement composé d'un drapeau gallois, quant au show à proprement parler, il y a bien un mec bourré qui est monté sur scène et qui a été viré au bout de deux bonnes minutes mais je pense que ce n'était pas prévu au programme : pas grand chose à voir donc avec les tournées aux cotés de Jean-Jacques Goldman. Michael de son coté fit un « pump it up » sur « Il suffira d'un signe » puis enchaîna avec un gros medley dédié à Jean-Jacques avant de faire un hommage à Kad Merad avec un Jean-Michel Avou. Les musiciens étaient plutôt bons et jouaient proprement. Le chant quant à lui n'était curieusement pas totalement assuré par Michael Jones mais partagé avec deux de ses musiciens et honnêtement que ce soit n'importe lequel des trois qui chante, il n'y avait rien de transcendant de ce coté là. Toute la seconde partie étant consacrée à des reprises de Jean-Jacques Goldman, une partie du public se précipita vers la scène alors que le concert était déjà plus qu'à moitié commencé : Peut-être pensait-elle que Jean-Jacques allait intervenir en guest.... Au lieu de ça, Michael fit monter sur scène l'intégralité de sa petite famille : ses filles, gendres, neveux, nièces, beaux frères, Tom, Norah, Tommy Lee, Quincy, Grace, Marion, Indiana mais toujours pas Elton. Malgré le niveau des musiciens, vous l'aurez compris, on se serait crû à une kermesse ou à la fête de la musique de Saint Jean d'Angely. Michael nous gratifia tout de même d'un nouveau morceau allègrement pompé sur « rockollection » en ne reprenant que des extraits de chansons de son mentor que j'aurai bientôt plus souvent cité que lui dans cet article.... Le public langonnais certainement moins difficile que moi était plutôt heureux de la prestation, à en juger par le sourire affiché par le sosie d'Eddie Barclay, par les danses effectuées par un couple de personnes âgées visiblement toujours verts, ou par trois dames elles aussi d'un âge certain qui cherchaient le meilleur endroit pour pouvoir voir Michael après le concert. De mon côté, même si le concert en lui-même n'allait pas me laisser un souvenir impérissable, je ne regrettais en rien ce moment puisqu'il m'avait permis de passer un doux moment auprès de certains de mes fans.


Remarquez bien que pour rester dans la thématique du concert, j'ai choisi un morceau où Michael Jones ne chante pas...

Pour les plus curieux, voici des vidéos des références citées :




vendredi 29 juillet 2016

Too Many Zooz + L.E.J. + Caravan Palace

Préambule : à l'heure où je commence l'écriture de cet article, je me demande si ça vaut le coup d'aller plus loin. Je pourrais noyer le poisson et tapoter frénétiquement mon clavier pour écrire un article suffisamment long pour faire illusion à un lecteur distrait, en lui racontant plein de choses qui n'ont rien à voir avec les concerts par exemple. Mais d'une part j'aime trop les poissons pour les noyer et d'autre part mes lecteurs sont les gens les plus attentifs et ne se laisseront jamais abuser par un tel subterfuge. Alors pourquoi écrire cet article puisque comme vous pouvez le ressentir à la lecture de ces quelques mots je ne le sens pas… eh bien, tout simplement car la pression de mes lecteurs est telle que je vais me soumettre à leur volonté. Rassurez-vous, vous aurez donc votre soûl de musique et de critique fantaisiste.

Fin juillet, (soit il y a deux mois et demi à l'heure où j'écris ces mots) comme assez souvent d'ailleurs, je suis allé fêter le cognac. Pour ceux qui ne le sauraient pas, chaque année à Cognac, pendant trois jours, la population indigène se réunit pour déguster la boisson locale mais ces jours là, exceptionnellement, les autochtones peuvent s'aviner en musique pour pas trop cher. De mon côté, vous vous en doutez, je ne suis allé à ces festivités que par amour de la musique.

Too Many Zooz est le premier groupe que j'ai été écouté. Alors que je m'étais installé au cœur du public, un saxophoniste entra sur scène accompagné d'un percussionniste qui portait un tambour en harnais ainsi qu'une couronne sur la tête. Plusieurs hypothèses me vinrent à l'esprit concernant ce couvre-chef inattendu : hommage à Prince décédé, trois mois plus tôt ? hommage au talent de princesse Erika, mort-né il y a 28 ans ? Trouvaille de la fève dans une galette des rois, avec plusieurs mois de retard ? Je commençais mes investigations quand le troisième et dernier membre du groupe apparut. Quand je vis le corpulent trompettiste en question, je compris qu'il avait certainement mangé toute la galette et que mon enquête était donc terminée. Les morceaux étaient très cuivrés et très festifs. Il n'y avait presque pas de chant puisque le chanteur était le trompettiste (cqfd). Les premiers morceaux étaient plaisants mais bien vite je trouvai le show très répétitif et malgré l'énergie dégagée par le groupe, je finis par m'ennuyer un peu et me mis à attendre la tête d'affiche dont je dois l'avouer, je n'attendais tout de même pas grand chose.



Cette tête d'affiche était L.E.J. (Elijay). Ce trio féminin s'est fait connaître en faisant des reprises de « tubes » à l'aide de percussions, d'un violon et d'un violoncelle. Notez bien que le « (Elijay) » est notée sur leurs articles de promotion, c'est la raison pour laquelle je l'ai écrit de cette façon sur ce modeste blog. Elles ont bien raison, d'ailleurs, de se faire appeler comme ça, à l'anglo-saxonne puisqu'elles vont certainement percer aux States en reprenant du Kendji Girac et du Stromaë.... (ironie de l'auteur de cet article). Elijay est donc apparemment plus vendeur que Elégy ou Eleugie. Ça manque de sens à mon goût puisque le nom du groupe vient des initiales des prénoms de ses membres, à savoir : Lucie, Élisa et Juliette. Mais tout ceci n'est que broutille... Ce qui l'est un peu moins, c'est que sur la page de garde de leur site internet, une vidéo ne peut être vue car protégée par des droits d'auteur ; drôle de manière de faire sa publicité. Mais parlons plutôt du concert puisque je suis un peu là pour ça en fait. Eh bien, tout comme pour la première partie, au bout de trois chansons, on se rend compte que tout le concert sera pareil : des reprises toutes faites de la même manière. C'est un peu dommage car là aussi, comme pour le précédent groupe d'ailleurs, il y a du potentiel. Vers la fin du concert, le groupe nous annonça qu'il allait jouer une de ses compositions ; nous allions enfin savoir de quoi ces filles étaient capables ! Et,manifestement, Lucie, Élisa et Juliette ont des deuxièmes prénoms : Nina, Anne et Zoé (vanne spoileuse). La musique était quelconque mais tellement mieux que le texte d'une affligeante faiblesse. C'était plutôt lej' donc ha ha ! -« Et le jeu de scène ?» me direz vous ! Aussi pauvre qu'un vendeur de réfrigérateurs au pôle Nord ! Et encore, avec le réchauffement climatique je suis presque optimiste pour ce dernier. Elles ont bien tenté de faire un concours de chant avec le public (comme à peu près tout le monde) mais on aurait crû que le groupe s'occupait de l'organisation du plus beau tricot de la maison de retraite locale. Ces prestations d'une qualité moyenne terminées, je rentrai chez moi pour revenir deux jours plus tard pour mon dernier concert du mois de juillet.



Celui-ci allait être l’œuvre de Caravan Palace. Ce jour là, j'avais beaucoup d'invitations que je n'ai malheureusement pas pu toutes honorer. Après avoir fêté un anniversaire en famille (ou presque) et gagné haut la main le grand concours international de pétanque de Houlette, je pu enfin m'installer derrière la régie pour apprécier le concert. Ça faisait quelques temps que je n'avais pas écouté le groupe et j'attendais patiemment son électro-swing quand il commença à jouer. Je fut un peu surpris d'entendre que les premiers morceaux (y compris les plus anciens) étaient bien plus proches de la house que de l'électro-swing ; tout le concert allait en être ainsi. Le son était étouffé et le tempo constant, on aurait presque pu se croire en boîte de nuit si le public avait été plus jeune. Les nombreux musiciens étaient assez énergiques et tentaient de faire danser le public. La musique était correcte mais mon indulgence est peut-être due aux cocktails que j'avais ingurgités ce soir-là. Après un dernier pas de danse dont moi seul ai le secret et qui ravit le public encore présent, je pouvais rentrer chez moi relativement perplexe sur ce que je pourrais écrire sur cette fête du Cognac et sur son cru relativement moyen.


Pour les plus curieux, voici des vidéos des références citées :


lundi 11 juillet 2016

Faada Freddy + Iggy Pop + Michel Polnareff

Le mois de juillet : ses plages, ses cocktails sans alcool et ses filles faciles : trois plaisirs auxquels je n'ai pas pu m'adonner pour l'instant.
Au lieu de cela, j'ai été écouté cinq concerts mais comme mon emploi du temps ne me permet pas d'écrire autant d'articles, j’ai donc décidé de diviser ces concerts en deux articles : le premier consacré au festival blues passion et le deuxième à la fête du cognac.
A l’heure à laquelle j’écris ces mots, ces concerts ayant eu lieu il y a déjà un certain temps, mes souvenirs en sont certainement un peu altérés (contrairement à moi qui me désaltère fréquemment) et surtout quelque peu effacés. Mais ne reculant devant rien pour satisfaire mes lecteurs, je vais tenter de vous relater au mieux ceux-ci. 

Au commencement était le verbe mais était aussi le concert d’Imany. Je vous en parlerais bien et notamment de son semi-plagia de Goldman mais comme il ne s’y est pas passé d’événement marquant, je me contenterai de vous dire que le concert ainsi que le cadre dans lequel il s’est déroulé étaient agréables. 
Fin de la partie consacrée à Imany : Si vous voulez un article de qualité, sur celle-ci, financez moi et/ou offrez moi du temps libre.



Le lendemain, l’iguane posait ses pattes (et sa queue) au pays de la salamandre pour tenter d’exciter un peu le public charentais (entre autres). Avant cela, le très élégant Faada Freddy, beau veston et joli chapeau, uniquement accompagné de six choristes devait assurer la première partie. En effet, celui-ci avait décidé, comme pour son dernier album, de ne pas utiliser d’instrument de musique pour cette tournée. « Peuchère, faire un concert sans instrument, t’es pas un peu fada, Freddy ? » entend-on encore dans les Bouches du Rhône. 
Si vous voulez des blagues de qualité, financez moi et/ou offrez moi du temps libre.
Le sextet utilisait donc son organe principal et son corps pour délivrer de subtiles mélodies. Pour ceux qui n’auraient pas compris, l’organe principal d’un chanteur (et à fortiori d’un choriste) est sa voix. J'entends d'ici les mauvaises langues dire qu'il n'y a rien d'innovant et que tout ceci n'est que du plagia de Pow Wow et que Faada Freddy profite du revival 90's pour se faire un peu d'argent facile. Et là je réponds : « non, mais on ne parle pas de Michaël Jackson mais de Pow Wow ! Et à la grande différence de ce groupe, ici les corps et les voix ne se contentent pas d'être de simples cœurs ». Mais enterrons le tomahawk et ne soyons pas rancuniers même si avouons le, ce groupe nous a pourri les tympans quelques années de trop. Faada Freddy et son équipe, en revanche auraient pu rester sur scène plus longtemps, tant le chant et les percussions corporelles étaient de qualité. En effet, le travail des sept musiciens aurait pu faire croire à un groupe tout à fait traditionnel. Mais cette troupe au chant subtil dû laisser la place à la tête d'affiche de la soirée (beaucoup moins subtil au demeurant) : Iggy Pop.



Iggy, il s'appelle Iggy, c'est un garçon pas comme les autres, mais moi, je l'aime bien, c'est pas de ma faute ! Nettement moins élégant, que le précédent chanteur, il s'est vite retrouvé uniquement vêtu de son jean et de ses bottes, certainement pour être plus à son aise lors de ses chorégraphies dont lui seul,et certainement quelques danseuses de bar, a le secret. D'ailleurs même s'il ne s'était pas arrêté dans l'un d'eux, il s'était fait livrer une bouteille de Bordeaux et vu son état en fin de concert, l'iguane doit être un peu rat. Mais peu importe, car pour 69 ans, il est un peu cabri (non, il n'est pas fini) aussi, il cours partout, il saute, il danse, il se dandine, il vient faire un check à l'auteur de cet article (par deux fois, il doit être fan), il drague aussi. D'ailleurs, il y avait une petite brunette à côté de moi et je me demande si ce n'est pas simplement pour cette raison qu'il est venu me voir aussi souvent. Après réflexion, non, il doit être fan. Le concert était donc très énergique, et quelques pogos animèrent un peu le public venu nombreux. Iggy, en était d'ailleurs fort heureux et voulu plusieurs fois se rapprocher au plus près de celui-ci, au grand dam des personnes chargées de sa sécurité qui se firent houspiller quelques fois. Ce concert restera en mémoire des nombreux fans et surtout de celui qui s'est fait cracher dessus, car l'iguane se transforme aussi en lama et comme l'andin, il n'aime pas trop qu'on lui chatouille les gonades (ou alors il faut que ce soit lui qui décide de qui le fait). Une fois toutes ses meilleures chansons interprétées et après avoir marqué de sa patte et de ses multiples crachats la soirée (et accessoirement la scène et les membres de la sécurité), il pouvait se faire raccompagner vers sa bouteille, fier du devoir accompli. Ces deux concerts bien que fort différents m'auront fait passer une très bonne soirée.



Deux jours plus tard, et quelques jours seulement après avoir gagné son procès contre un organisme de crédit, Michel Polnareff posait son piano sur cette même scène. Fort heureusement, j’eus l'excellente idée de ne pas aller voir la veille (non je n'ai pas oublié de i) Marianne Faithfull et son concert qui restera gravé dans les annales. D'ailleurs il paraît que certains, présents sur place, croyaient que c'est à cet endroit précis que se tenait son micro.
Mais revenons à nos (notre) mouton(s). 
Quand j'arrivai sur place, ce soir là, je m’aperçus que, comme moi, certains avaient été déçus du comportement de Mich et afin de protester (contrairement à moi), vinrent au concert déguisés en sosie de Mich de la pub Cetelem. Très honnêtement, peu étaient aussi réussis que le sosie original mais la multitude de sosies du sosie, à grands coups de lunettes blanches sur le nez et de caniches décédés sur la tête, donnait à cette soirée un coté un peu glauque. C'était un peu le bal des nazes

Aparté : Lettre à Michel

Il était une fois
Toi et l'humour
N'oublie jamais ça
Toi et l'humour

Depuis que tu es loin de ça
Je me sens comme loin de toi
Et je pense pas trop à toi
Tu es à trente mètres de moi
Je suis à des années de toi
C'est ça être imbu de soi
La différence
C'est que tu tances
Tu aurais dû garder ça au fond de toi
Tu vis toujours un peu trop haut
Quelques fois dans les journaux
Je te vois faire des procès
Et moi loin de toi
Tu vis dans un grand cirque
Pathétique et excentrique
Tu as peur de la critique
La différence c'est que tu tances
Michel calme toi
Ton procès contre Cetelem
N'en valait pas vraiment la peine
Apparemment la satire ne te fait pas rire
Oui j'ai honte de toi parfois
Ce procès ne s'imposait pas
L'humour, c'est fait de ça ! 

Il était une fois
Toi et l'humour
N'oublie jamais ça
Toi et l'humour

Bref, Mich, je vais finir par croire que mon ami Jean-Louis Murat a raison quand il te traite de gros c... Quoi qu'il en soit, étant lot-et-garonnais, je suppose que tu connais le Grand Pruneau Show : ce festival qui a lieu à Agen tous les ans à la fin du mois d’août. Je te propose d'y aller lors de sa prochaine édition. Tu pourrais ainsi te ressourcer près de ton lieu de naissance et manger des pruneaux, ce qui devrait anéantir tes soucis de constipation qui te coupent ton humour. Non ne me remercie pas Mich, j'aime rendre service.

Quand Mich entra sur scène, j'étais au bar. Bien content d'avoir trouvé une place assise pour déguster mon premier cocktail, je décidai de ne pas bouger pour apprécier pleinement les suivants. La qualité sonore étant acceptable, je pus remarquer que Mich avait repris les meilleures chansons de son répertoire pour le plus grand bonheur du public ainsi que, à ma grande surprise, pour celui des manifestants précités tout à l'heure. 

Aparté n°2 : Mich, je viens d'apprendre que les gens que j'ai pris pour des supporters du petit bonhomme vert sont en fait une partie de tes fans. Quand tu vois leur accoutrement, n'as-tu pas envie de leur faire un procès ? Parce que franchement, je pense que les publicitaires à qui tu t'en es pris ont donné une bien meilleure image de ton sosie que ces groupies en donnent de toi...

Je ne vous parlerai pas du show puisque je ne l'ai pas vu mais disons que pour boire des cocktails en papotant, c'est plutôt sympa d'écouter Mich chanter ses vieilles chansons. 
Après que je fut bien désaltéré, celui-ci arrêta de chanter et je pu rentrer chez moi croisant des sosies de sosie et peut être même Michel lui même puisque même lui ne se ressemble plus vraiment.


Pour les plus curieux, voici des vidéos des références citées (je n'ai pas cherché de morceau de Pow Wow car je leur ai fait bien assez de publicité pour aujourd'hui) :



samedi 14 mai 2016

The BellRays + Dallas Frasca + Le A

Alors que mon article précédent était sensé être le dernier de cette saison de concert, votre œil aiguisé et votre sens inné de la déduction viennent de vous prouver le contraire. En effet, à la vue des lignes qui suivent, vous avez déjà compris que le bouquet final s'offrait à vous telle une fille ramenée par hasard un soir de beuverie et dont la vertu a disparu il y a bien longtemps (l'histoire ne dit pas si c'était une nuit de pleine lune). Allez vous traiter cet article comme ce partenaire sexuel ? Allez vous lui passer dessus ou le respecter comme il se doit ? Allez vous refermer la porte de votre cœur (ou d'autre chose) sans y toucher ? Ou allez vous crier « il m'en faut d'autres !!! » ? Je n'ai pas la réponse et vous laisse à votre vie privée. Quoi qu'il en soit, il est là, devant vous, abandonné. 
Faites lui plaisir ! Faites vous plaisir !

Nous avons déjà perdu trop de temps, sans plus de préliminaires attardons nous sur Le A qui ouvrait le bal il y a déjà quelques jours. 

Arrivé de bonne heure, j'attendais patiemment le début du concert dans une salle qui peinait à se remplir quand elle sont arrivées. Deux d'entre elles ont pris des guitares et la dernière s'est installée derrière ses claviers. Il y avait aussi un batteur mais, allez savoir pourquoi, j'y ai moins prêté attention. Les morceaux étaient mélodieux, les chants de une à trois voix étaient doux. Leur pop synthétique était tantôt mélancolique, tantôt féerique, parfois psychédélique et d'autre fois rock. Elle oscillait entre Émilie Simon et Tool. Comme le reste du public, j'étais sous le charme de ces nixes qui ne chantaient que pour moi. Je ne sais pas d'où est venue la tristesse que j'ai ressentie, un conte des temps anciens hantait mon esprit et mes sens. C'est moi qui levait les yeux pour regarder la scène et j'étais englouti corps et biens. En ce début de soirée, c'est ce que Le A a fait. Alors sans conteste, il le mérite (le A, ha ! ha ! ha !). La mère de Sophie Davant avait d'ailleurs spécialement fait le déplacement pour voir le groupe bordelais tout comme le sosie officiel de Patrick Bruel.


Pendant que Le A vendait quelques Cds dédicacés à son nouveau public, une jeune fille se pensant plus souple qu'elle ne l'était, faisait l'animation pour ceux restés dans la salle en ramassant son gras sur la moquette et en manquant de peu d’entraîner son amie avec elle. Cet entracte improvisé terminé, la plantureuse Dallas Frasca, cheveux rouge, tout de noir vêtue, entrait en scène. En plus de la chanteuse, le trio très énergique était composé d'un batteur et d'un excellent guitariste chétif dont l'accoutrement et la longue barbe me faisait penser à un vieux paysan des états du sud américain. Après avoir montré ce qu'il y avait sous sa jupe à un photographe, Dallas Frasca prit un bain de foule dans une salle devenue pleine. Celle-ci demanda au public de s'accroupir pour un morceau mais c'était sans compter sur un irréductible situé juste à côté de moi qui était bien décidé à garder sa station debout. Celui-ci avait beau tenté de lui expliquer (sans parler) qu'il ne pouvait pas s'exécuter à cause de ses opérations aux genoux, il dû quelques secondes plus tard obéir à Dallas et à son univers impitoyable, sacrifiant deux rotules pour l'occasion. La batterie et la guitare frénétique (presque métalleuse) se mariaient parfaitement avec la puissance de la voix pour un concert très rock. Un rappel à cappella et la possibilité de voir un troisième groupe atténuèrent la déception consécutive à la fin de ce set. 


Le dernier groupe à se présenter sur scène était The BellRays. Ne comptez pas sur moi pour confirmer s'ils portent bien leur nom ; le batteur étant assis c'est déjà un premier frein à toute hypothèse. Celui-ci n'était autre que David Starsky qui malgré un talent indéniable avait, semble-t-il choisi l'option trompette en début de carrière tant il gonflait curieusement les joues à chaque coup donné sur ses fûts. Ken Hutchinson n'étant pas disponible, c'est Lény Escudero qui gérait la basse. La fille du capitaine Dobey (comme certains spectateurs) était au chant (la précédente parenthèse ne signifie pas que certains spectateurs étaient au chant). A la guitare électrique se tenait l'excellent Garth Algar qui s'était fait couper les cheveux pour l'occasion. N'étant pas dans un magasin de musique, il en profita pour reprendre un morceau de Led Zeppelin. Le blues punk de The BellRays battait son plein devant un public ravi quand un spectateur un peu trop à l'aise se fit sortir de la salle dix minutes avant la fin du concert et trois secondes après avoir allumé sa cigarette. Ceci n'entama en rien l'enthousiasme du groupe et encore moins celui des quelques danseurs composés notamment de deux filles hystériques et d'un gorille tatoué à casquette qui agitait frénétiquement le poing comme s'il masturbait un bonobo coincé dans un acajou. Le groupe fut rappelé puis fit une surprise au public en lui offrant un morceau en duo avec le groupe précédent. Les deux chanteuses rivalisèrent alors de rage en accompagnant les riffs musclés de leur guitariste. Cet ultime morceau terminé, après avoir enjambé deux rotules qui traînaient sur la moquette, je rentrai chez moi avec mon album dédicacé par deux chanteuses de Le A, fier d'avoir fait ma bonne action de l'année en encourageant un jeune groupe prometteur.


Pour les plus curieux, voici des vidéos des références citées :



vendredi 8 avril 2016

Powerwolf + Battle Beast + Serenity + en bonus Arno

Certains se demandant (ou pas) pourquoi je n'ai pas écrit d'article sur l'excellent concert d’Arno auquel j'ai assisté le mois dernier, je m'en vais de ce pas leur répondre (même à ceux qui ne se posaient pas la question, soit car ils ignoraient que j'avais été voir Arno, soit, le cas le plus probable, car ils s'en moquent comme du dernier titre de Tragédie). Comme vous le savez, la plupart de mes articles fait la part belle aux premières parties, souvent perfectibles et qui de ce fait donnent du grain à moudre à mon moulin cérébrale. Personne n'ayant assuré celle-ci, une grosse partie de cet hypothétique article en aurait été amputée. De plus, comme j'aime étudier mes contemporains, j'ai pris pour habitude de vous décrire cette faune parfois fabuleuse qui compose un public de concert. Mais cette soirée là (chère à Yannick), aucun fait marquant ne se produisit qui aurait mérité une ligne dans un de mes articles. En effet, personne n'était saoul, un comble pour un concert d'Arno, un peu comme si aucune effluve cannabique ne venait parfumer un concert de Sinsemilla. Alors, vous ne saurez rien de l'énergie dégagée par le chanteur d'Ostende capable de chanter en anglais, en français, en flamand et peut-être même en hébreux et en wolof. Vous ne saurez rien de sa fantaisie et de son humour mais je vous encourage grandement à aller l'écouter car j'ai passé un très bon moment. 



Deux jours plus tard, un bestiaire bien plus exotique se donnait rendez-vous au même endroit pour un concert de trois groupes estampillés heavy métal.

Ayant un emploi du temps excessivement garni, j'arrivai juste à temps pour me rendre compte que j'aurais du mal à trouver une place de parking proche de la salle et que j'allais donc arriver en retard... 

En effet, quand je pénétrai dans la salle, elle était plongée dans l'obscurité et Serenity jouait déjà. Je me faufilai alors entre de nombreuses ombres humanoïdes pour m'installer à une distance raisonnable de la scène. Sur celle-ci, un chanteur avec une veste à galons et à boutons dorés me rappela le style vestimentaire du Jean-Luc Lahaie des débuts. Était-ce lui qui s'était rasé la tête pour passer inaperçu ? Aucune mineure n'étant à ses côtés, j'en conclus que non. La musique était plutôt festive : un power metal symphonique oscillant entre la célébration de la fête celtique de la marmotte et des génériques de dessins animés japonais survitaminés racontant l'histoire d'un enfant mal dans sa peau, qui se sent différent des autres et qui part à l'aventure pour découvrir qui il est vraiment en voulant sauver le monde : bref, un adolescent. Les visions se bousculèrent alors dans ma tête : Enfants ? Adolescent ? Et si c'était bien lui ? Un frisson glacé me parcourut le dos et alors que j'allais hurler « Non ! Jean-Luc ! Déconne pas ! Fais pas le con ! Lâche ce micro ! Enlève au moins le pied ! », j'entendis un morceau me faisant penser à Helloween puis un autre à Europe. Ouf, ça ne pouvait être lui. Serenity faisait bouger le public notamment en l'invitant à taper dans les mains ou à agiter les poings en criant des « Hey ! Hey ! Hey ! Hey !» comme le feront d'ailleurs les deux groupes qui suivront. L'ambiance était bon enfant (non ! Jean-Luc !) et je regrettais juste l'absence de la jeune chanteuse (du calme Jean-Luc, elle est majeure) qui accompagne le groupe d'habitude, malgré le bon travail au niveau des chœurs. 


Après une dizaine de morceaux, le groupe quitta la scène et la lumière revint. J'en profitai alors pour découvrir d'un bref coup d’œil de quoi était composé le public : du jean, du cuir, du piercing, du tatouage, du tee-shirt dédié à son groupe préféré, du barbu, du rasé, de la crête, de la couleur. Toutes les franges (merci à Jacques Dessange) du hard rock étaient représentées : du métalleux au punk en passant par le grunge (je faillis presque perdre connaissance devant le fantôme de Layne Staley). Il y avait même juste devant moi, deux personnes en robe de bure monacale, le visage grimé à l'aide de peinture noire et blanche. Je me dis alors que c'était sympa de la part des membres du groupe Powerwolf d'assister à leurs premières parties au cœur du public. Puis, alors que j'écoutais l'histoire véridique d'un bûcheron qui racontait qu'un de ses collègues était tombé d'un arbre en tronçonnant la branche sur laquelle il était assis, je vis une septuagénaire en tailleur (pas la position). Peut-être était-ce la première fois de sa vie que sa tenue pouvait paraître saugrenue aux yeux de certains. 
Je n'y prêtais guère attention jusqu'à l'arrivée de Battle Beast. Je crus en effet tout d’abord que la chanteuse était une de ses anciennes camarades de classe. Il n'en était en fait rien, puisque c'est son maquillage (et ma myopie couplée à mon astigmatie) qui me l'a faisait apparaître bien plus vieille qu'elle ne l'était en réalité. Le groupe jouait un métal très eighties avec de nombreux solos de guitare. Le côté revival était à son apogée grâce à la guitare clavier (un keytar pour les experts) de l'un des musiciens. Celui-ci réussira d'ailleurs l'exploit de boire une bière cul sec (et sans les mains) tout en continuant à jouer. La voix très aiguë de la chanteuse accentuait quant à elle, l'aspect guerrier du groupe et accessoirement faisait saigner quelques tympans ce qui excitait un peu les penchants cuir-masochistes de certains spectateurs. 


Quand la lumière se ralluma, la seule remarque négative que j'ai entendue était que le clavier était très clavier (mais je ne sais pas si c'était à l'encontre de Battle Beast ou envers le dernier film de Christian). Je profitais de l'entracte pour vérifier que je n'avais raté personne lors de mon premier tour d'horizon et aperçus quelques couples ayant connu les premières guitares Fender ou Gibson Les Paul. Je compris alors que je ne connaissais pas tous les sous-genres du heavy métal et que l'une d'entre elles était composée de retraités chics. Ceci me fit chaud au cœur car dans quarante ans, quand j'aurai à peu près soixante ans, je pourrai créer à mon tour une nouvelle sorte de fans de heavy métal : les défraîchis déguenillés. Et peut-être même nous battrons nous pour quelques sénilités contre les retraités chics à grands coups de déambulateurs. 

,,,Mais revenons à notre concert. Les deux groupes ayant accompli leur mission en chauffant à blanc le public, Powerwolf n'avait plus qu'à enfoncer le clou en mettant le feu avec son powermétal. (bonjour aux tabliers de forgeron, à qui je ne fais tout de même pas la bise). Alors que le groupe commençait à jouer, je remarquai très vite que les deux personnes qui étaient devant moi pour les deux premières parties y étaient encore, j'en conclus qu'elles ne faisaient pas partie du groupe (admirez cette faculté d'analyse) mais étaient en fait deux fans au sens le plus stricte du terme. Les premiers morceaux étaient du pur powermétal puis au fur et à mesure (comme me le souffle Liane Foly) ils se firent gothiques et donc plus en adéquation avec les costumes salis de soldat et de religieux morts-vivants revêtus sur scène. Ça jouait vite et bien et quelques pogos s'improvisèrent ainsi que quelques slams aux atterrissages plus ou moins ratés. Le chanteur et le claviériste dont le jeu renforçait la théâtralité du concert organisèrent quant à eux plusieurs concours de chant (et/ou de cris). Le show était partout et surtout devant moi. En effet, les deux fans absolus de Powerwolf les encourageaient entre chaque morceau suivis par le reste du public. Sur les premières notes d'un titre, ils s'assirent même en tailleur (pas le vêtement) pour prier. La communion entre le groupe et les spectateurs était bien réelle. Après un rappel et des acclamations bien méritées, le groupe allemand quitta la scène en pensant certainement que si leurs grands parents avaient fait de la musique, ils auraient été mieux accueillis en France. Le public désertait lui aussi la salle à l'exception de deux résistants en robe de bure. 

Je n'avais plus entendu parler allemand, anglais et latin le même jour depuis le collège, et à l'époque, je n'étais pas bien fan. Au moment de rentrer chez moi, je pensai que mes professeurs de l'époque auraient peut-être dû chanter, eux aussi...


Pour les plus curieux, voici des vidéos des références citées :



dimanche 6 mars 2016

Bertrand Belin + Arman Méliès

Tout a débuté un matin quand, à dix heures dix, je fus tiré du lit par l'emmerdeur de service. Mon voisin du dessus, en bon fan d'Elvis, passe ses week-ends à foutre à fond des lives de Memphis. Ah ben non, en fait c'était il y a trois semaines. Alors que j'avais déjà décidé d'aller écouter un concert de chanson française le samedi suivant (j'aime l'éclectisme, surtout le saut en longueur), je suis tombé sur un article de presse annonçant la soirée. Celui-ci était évidemment chargé de faire de la publicité pour les divertissements locaux. En le lisant, j'ai compris pourquoi je ne travaillais pas pour une agence de communication. En effet, sur celui-ci était écrit littéralement : "ce n’est pas le genre de soirée pour s’éclater entre amis". N'ayant rien contre les gens solitaires et dépressifs, cette remarque n'entama pas mon enthousiasme et je me présentai donc à l'heure au rendez-vous de la chanson française. Celle-ci se faisant souiller chaque jour un peu plus, telle une fille de joie en fin de carrière, obligée de solder ses plaisirs pour attirer sa clientèle, j'avais peur qu'elle n'attire plus grand monde. Et Comme je m'en doutais, le public était clairsemé. Je m'installai alors logiquement au milieu de la salle me disant que je me rapprocherais de la scène si quatorze bus de Japonais venaient à arriver suite à un GPS défectueux (ou à une mauvaise blague d'un chauffeur qui serait accessoirement le beau-frère du chanteur). 

Alors que j'attendais patiemment le début du concert, un trio arriva et après avoir jaugé le public, se croyant certainement sur une plage de la côte atlantique (fort heureusement pas sur la côte sauvage), décida de s'asseoir juste devant moi, alors que tout le monde restait debout. Quelques minutes plus tard, ils se levèrent enfin pour accueillir Arman Méliès. Celui-ci ressemblait au poète musicien, bien connu des quarantenaires, François Corbier (en ce qui me concerne, étant bien trop jeune pour l'avoir vu à la télévision, je remercie mon immense culture qui vous permet de visualiser un peu mieux notre personnage). Celui-ci, accompagné de deux musiciens, joua de la variété assez énergique. Il avait le même timbre de voix que Gérard Lenormand. La musique, le physique et la voix auraient pu donner un mélange étrange mais les morceaux étaient plaisants malgré un son déplorable qui empêchait de comprendre les textes : un comble pour un concert de chanson française. Heureusement l'attitude du batteur détourna mon attention. Le voyant remonter ses lunettes sans arrêt, il me fit me remémorer une blague ; pourquoi les gens qui portent des lunettes se masturbent plus longtemps que les autres ? (Pour ceux qui ne le sauraient pas, je ne répondrai pas à la question puisque la réponse se trouve juste avant celle-ci). Quand Arman Méliès eut fini sa partie, le trio de plagistes reprit sa position de prédilection et tels des baleineaux échoués sur les côtes de Patagonie, ils gisaient sur la moquette attendant leur sort. Ce qui, d'ailleurs, aurait pu être de très bon goût si le concert avait été gothique. D'après une étude scientifique récente, les animaux qui viennent s'échouer en Patagonie feraient ça pour protester contre l'immigration de chanteurs français qui s'habillent avec des cadavres de crocodiles. Une demi-heure plus tard, le trio comme si on lui avait promis un pot de Danette se releva. 



Bertrand Belin pouvait commencer son show. Le son devenu correct, le public appréciait vite ses chansons mais surtout son jeu d'acteur. En effet, chaque morceau était introduit par une petite scène. Parfois des dialogues surréalistes surgissaient au milieu des chansons. La voix oscillant entre Alain Bashung, Charlélie Couture, Arthur H et Joe Dassin augmentait en peu plus le côté décalé du personnage. Le concert était très agréable et amusant au grand dam de tous les dépressifs, qui d'ailleurs ne s'étaient pas déplacés. Avec quelques passages croustillants, on peut dire que Bertrand Belin a fait crackers le public et que la scène pour lui, c'est du gâteau.


Pour les plus curieux, voici des vidéos des références citées : 




mercredi 2 mars 2016

Muse + Phantogram

« Quand est-ce qu'on arrive ?». C'est par ces mots teintés d'impatience, prononcés par un enfant insouciant assis à côté de moi dans une voiture, que je commencerai ce récit. Celui-ci ne m'était pas tout à fait inconnu puisqu'il fait partie de mes nombreux filleuls. En effet, beaucoup de personnes m'adorent et quand elles ont des enfants (les inconscientes), il arrive qu'elles me demandent d'en être le parrain afin que leurs chères têtes blondes (….ou brunes) bénéficient d'un exemple à suivre, d'un mentor, d'un parangon de vertus, d'un guide spirituel, d'un modèle absolu et ainsi puissent avoir une chance de tutoyer la perfection, contrebalançant avec une éducation forcément tâtonnante due aux doutes incessants liés aux vicissitudes de la vie. A l'avant de cette voiture, se tenaient les parents dudit enfant. Afin de préserver l'anonymat de cette petite famille, nous appellerons l'enfant « Petit Ours Brun », et ses parents seront « Maman Ours » et « Papa Ours ». Certains se demanderont pourquoi j'ai choisi ces patronymes et pourront se poser la question encore longtemps puisque je l'ignore moi même. Et pour ceux que ça empêcherait de dormir, nous leur répondrons que l'auteur de cet article n'aura trouvé que cette famille assez mondialement connue et assez politiquement correcte pour faire l'affaire. 
Les principaux protagonistes de ce récit ayant été présentés, nous pouvons avancé dans notre périple de deux fois cinq cents kilomètres à travers des villes magnifiques aux noms délicieux (que je ne citerai peut-être pas), en voiture, en train, en métro, à pieds, en hydroglisseur, en cheval à bascule, en tapis volant, en balai magique et en hoverboard. Arrivés à la gare d'Angoulême peu avant midi et l'estomac de Petit Ours Brun étant réglé comme du papier à musique (ce qui est de bon aloi quand on va voir un concert), celui-ci voulu prendre un petit apéritif. Le bistrot de la gare proposait des chips avec une multitude de goûts différents allant des chips au poulet jusqu'aux chips au poulet. Devant ce choix cornélien, Petit Ours Brun décida de prendre des chips au poulet. Le paquet englouti, il s'éclipsa pour la première de ses 744 envies d'aller aux toilettes (c'est donc possible d'avoir des problèmes de prostate à sept ans ?). Dès son retour, nous montâmes dans le TGV qui allait nous mener à Paris. 
Quand celui-ci démarra, j'eus vraiment l'impression que le voyage commençait et je fêtai ça avec des sandwiches dont j'ai le secret (ceux qui ont eu le privilège de déguster un de mes petits plats savent de quoi je parle et se lèchent certainement les babines à l'évocation de ce délicieux moment). Laisser la Charente pour quelques heures libéra l'esprit de la famille Ours. Ainsi, Maman Ours remarqua que « le train, c'est bien ! ». Devant mes yeux écarquillés, elle crut bon de préciser « ben oui, c'est vrai, c'est cool de voyager en train... ». Je décidai d'acquiescer mollement pour changer de sujet de conversation. Le trajet se passait relativement bien. L'ambiance était même plutôt joviale quand des voyageurs se moquaient de Nicolas Hulot faisant les annonces dans le train. Alors que Papa Ours et moi même tentions d'occuper Petit Ours Brun, le paysage défilait à la fenêtre, puis l'image se figea. Un problème tout d'abord inconnu obligea le train à s'arrêter. Nicolas annonça quelques minutes plus tard que le problème était électrique. Vingt minutes plus tard, le train repartait pour s'arrêter à nouveau à cause d'un embouteillage de trains à la gare. Puis ce fut une traversée de gnous et enfin la migration des papillons monarques qui nous firent arriver à la gare Montparnasse avec trois quarts d'heure de retard. Le métro nous attendait et nous permit de faire connaissance avec la faune parisienne en nous amenant à l'Appart'hotel que j'avais réservé au cœur de Bercy. Celui-ci était très bien puisque je l'avais réservé... 
La famille Ours prenait possession des lieux. Petit Ours Brun prenait un bain, Maman Ours se délassait pendant que j'allais faire les courses avec Papa Ours sous une pluie battante. A la recherche d'un magasin d'alimentation, nous sommes tombés sur quelqu'un nous proposant du travail. Déclinant poliment l'offre, nous ne saurons donc jamais quel type de produit nous aurions eu à écouler ou quelle personne nous aurions eu à nettoyer. Le Franprix trouvé (non par exotisme mais juste parce que c'est le seul magasin que nous avons dégoté) et les courses faites, de retour à l'appart'hotel, nous avons retrouvé Maman Ours se délassant et Petit Ours Brun, toujours dans son bain se prenant pour Flipper le dauphin. Une fois le repas pris, il était enfin temps d'aller écouter Muse à Bercy. 
La queue devant la salle était longue (non, SVP, pas de blague merci). Et, alors que nous marchions au milieu des autres spectateurs, une voix me héla (éla hou hou houhou hou houhou, bien que ce ne fut pas un concert de France Gall). Hasard de la vie, un mètre derrière moi se tenait Mumu, une amie d'enfance, que nous appellerons, afin de préserver son anonymat, « Mumu ». Pendant nos sympathiques mais trop brèves retrouvailles, la famille Ours dissertait sur le fait que partout où j'allais, quelqu'un me connaissait et que j'étais une espèce de star locale et que ma notoriété n'était que méritée eu égard à mes multiples talents et à mon incomparable génie. N'ayant pas entendu ces mots, je pouvais entrer dans la salle en toute modestie. Je laissais Petit Ours Brun et Maman Ours s'installer d'un côté tandis que Papa Ours et moi prenions place un peu plus loin. La salle se remplissait petit à petit, même si quelques places restaient disponibles. 
Phantogram n'en eut cure (rien à voir avec Robert Smith) et commença à jouer. Dès les premières notes, je faillis tomber, heureusement que j'étais assis confortablement en gradin. Le groupe n'avait pas l'air mauvais, les morceaux étaient même plutôt bons (un style oscillant entre trip-hop joyeux et The Cardigans) mais je trouvai le son excessivement baveux. Papa Ours étant un batteur semi- professionnel mondialement presque connu (la place des mots est très importante), je lui demandai confirmation, et il acquiesça bien évidemment. Quelques minutes plus tard, celui-ci était pris d'une mini quinte de toux. Ce qui aurait dû rester tout à fait anecdotique et n'aurait pas dû être consigné dans ce compte-rendu, si celle-ci n'avait pas transformé Papa Ours en lama. Non, il n'alla pas voir les petites femmes de Pigalle mais comme il était en train de prendre une gorgée de bière, il dû la recracher à la surprise générale. La surprise fut surtout pour la demoiselle assise devant lui qui découvrit, sous l'hilarité du rang de derrière, que la coiffure effet mouillé ne lui allait pas si mal. 



Quelques excuses plus tard, Muse entrait en scène. Je trouvais le son tout aussi baveux que celui de la première partie (et accessoirement qu'un nourrisson mangeant une omelette cru). Je décidai donc d'aller faire une pause au troisième morceau pour me reconcentrer. Après avoir donné deux coups de porte à la femme de ménage (qui tentait certainement de me séquestrer et/ou d'abuser de mon corps d'athlète), je sortis des toilettes et regagnai ma place. Mes tympans s'étant habitués au son, je pouvais apprécier pleinement le spectacle. Le show était rodé et les animations nombreuses. Le set faisait logiquement la part belle au très bon dernier album que l'on peut considérer comme un album d'hommages ou de plagiats tant les références sont nombreuses (de Pink Floyd à Marilyn Manson...). Certaines personnes disent qu'il est tellement pompé qu'il aurait pu être sponsorisé par … (cet article étant interactif, vous pouvez remplacer les … par votre actrice porno préférée). A titre personnel, j'aurais adoré entendre plus de morceaux des deux premiers albums (ce qui aurait été simple puisqu'il n'y en a pas eu). J'aurais aussi aimé plus de folie, notamment lors de « l'hommage » à Rage Against The Machine. Pour résumé, le concert était très bien et mes réserves sont dues à la comparaison avec leur concert d'il y a deux ans au Stade de France. En effet, je n'ai pas trouvé l'ambiance aussi phénoménale et les animations forcément aussi grandioses. Par contre la salle est vraiment sympa (et la proximité des toilettes encore plus). Après les deux chansons du rappel, il fallait bien rentrer et profiter d'une courte nuit de sommeil (en effet, je suis allé courir très tôt dans le Parc de Bercy qui est très joli). Après avoir rendu les clés de notre éphémère « chez-nous », la famille Ours a visité un magasin de bonbons tandis que je contemplais les tableaux d'une galerie d'art. Puis, après le déjeuner, alors que nous nous apprêtions à reprendre le métro, une jeune fille qui descendait les escaliers devant nous et qui n'avait apparemment aucun lien de parenté avec Rémy Julienne décida de perdre connaissance et alors que le gras entourant son corps aurait pu amortir le choc, c'est la masse de ladite graisse qui au contraire accéléra sa chute. P étant égal à mg (pour les physiciens), vous comprendrez aisément qu'elle se fracassa allègrement les genoux sur un sol dur et hostile. Nous étions prêts à sortir nos plaquettes pour noter sa prestation artistique (9,5/10 en ce qui me concerne) mais ne les ayant pas amenées, nous nous sommes enquis de son état de santé. Papa Ours alerta les secours et Maman Ours veilla la malheureuse victime sous le regard inquiet et bienveillant de Petit Ours Brun. Étant une petite crevure, je maudissais cette jeune femme sans mot dire en regrettant qu'elle ne se soit pas étalée cinq minutes plus tard. Après trois métros, les secours arrivèrent et nous laissâmes notre éclopée à son triste sort. Malgré ce désagrément, nous ne fûmes pas en retard à la gare et nous nous installèrent dans le train pour le voyage du retour. Quand celui-ci eut démarré, j'allais cherché trois boissons chaudes à cinq cents mètres de là (dans le wagon restaurant) et à la vue du tarif, tentai en vain de négocier les approvisionnements de café pour la SNCF. Assez vite, Maman Ours commença son hivernation puis se réveilla à Saint Stone of Bodies (Saint Pierre des Corps pour les non anglophones). Papa Ours en profita pour lui faire une blague : « Saint Pierre des Corps aux pieds », ce qui la fit excessivement rire (la famille Ours a beaucoup d'humour). De mon côté, je regardais du coin de l’œil un homme d'un certain âge qui avait décidé, comme il avait raison, de déjeuner comme s'il avait été chez lui. Sa serviette autour du coup, il dégusta des œufs durs, une grosse part de pizza, une salade de tomates, une omelette norvégienne puis une pomme bien juteuse qui l'occupa une bonne demi-heure. La fin du trajet, faite d'odeurs et de bruits étranges plus ou moins désagréables (ronflements, aliments en décomposition venant d'on ne sait d'où et d'où on ne souhaite pas savoir d'ailleurs) nous rappela vite à la réalité du quotidien. Même la voix des annonces dans le train se tut pour laisser la place à un brouhaha morsique. Bientôt le train ralentissait et entrait en gare d'Angoulême. Quelques minutes plus tard, je laissai la famille Ours à sa tanière et retrouvai mes crevettes et mes poissons. Puis, en pensant à la journée de labeur qui m'attendait le lendemain, je me demandai si je n'aurais pas mieux fait d'accepter le mystérieux travail que l'on m'avait proposé à Bercy.



Pour les plus curieux, voici des vidéos des références citées :