Que s'est-il passé à Angoulême le 4 novembre ?
Voilà une question qui n’intéresse apparemment personne et à laquelle je vais tout de même répondre (facétieux que je suis). Hier, donc, je suis allé voir mon premier concert de la saison et comme je suis de nature altruiste je vais me faire le plaisir de vous faire plaisir en vous en faisant le résumé le plus complet possible.
Ayant quitté mon travail relativement tard (17h30), il me restait trois heures à tuer avant l'ouverture des portes. « Quelle chance ! » me dis-je. En effet, qui ne rêverait pas qu'on lui donne trois heures sur son « compteur vie » ! Je me mis donc à la recherche de quelque chose d’intéressant à faire à Angoulême entre 17h30 et 20h30. Je cherche encore..... Je finis mon vain périple dans un restaurant de non gastronomie rapide, engloutis mon burger sans goût et partis attendre l'ouverture des dîtes portes sur le parking de la salle de concert. L'heure H tapant à la portière de ma voiture, je décidai d'entrer dans la salle de la Nef qui serait ce soir là, le temple du rock'n roll. Les guitares exposées sur les murs et la brume épaisse (dont j'ignore encore la provenance) donnaient à celle-ci une aura quasi mystique. Presque seul dans la salle, prévoyant, je décidai de rester en retrait de la scène pour laisser aux hypothétiques pogoteurs une place de choix devant la scène. Mais quelques secondes avant le concert, je compris que ceux-ci ne seraient pas légion, car hormis une demi douzaine d'adolescents, le public était composé de quarantenaires (voire de pré-retraités). Je décidai alors de braver le danger et m'installai au premier rang, attendant que le reste du public arrive. En effet, celui-ci était en train de s'adonner à une compétition du sport local à quelques mètres de là ; le levage de coude. Celle-ci prit fin par l'annonce de l'arrivée de la première partie du concert. Un quintet italo-belge de rock garage spaghetti arriva alors sur scène. Romano Nervoso, figure mi christique mi chabalesque avec paillettes sous les yeux et sur la veste entra en matière par deux cris primaux ; ça promettait du gros son. Après quelques minutes, pas de doutes, les promesses étaient tenues. Des morceaux énergiques, gras et une excellente maîtrise des chœurs ajoutés à une bonne présence scénique (dont un bain de public) satisfirent le public. L'arrivée du champion de la compétition précédant le concert ne déconcentrèrent pas le groupe. Le champion enchaîna quelques pas de danse et essaya de déplacer la scène en la poussant (...sans succès). Il invectiva même le chanteur lorsque celui-ci annonça un slow. Romano Nervoso clôtura sa prestation par une reprise de Christophe. C'est à ce moment là que j'ai appris qu'Aline se prononçait Maria en italien.
Fort de sa victoire, notre champion décida de rester dans la salle et de ne pas remettre son titre en jeu. Il essaya de se faire des amis en tentant des conversations que peu comprirent à en juger par les visages tantôt amusés tantôt perplexes de ses interlocuteurs. Il parla néanmoins de façon distincte de ses fractures et du fait qu'il avait perdu l'usage de ses doigts tout en les remuant. Il se dit ensuite qu'il pourrait peut-être s'occuper de la régie et monta discrètement sur scène. Mais à vouloir se faire à tout prix des amis on finit à se faire gratuitement des ennemis et fut raccompagné malgré son titre (quelle infamie) manu militari hors de la salle.
Quelques minutes plus tard, le dernier groupe de rock français depuis la dernière victoire par KO de Bertand Cantat entra sur scène. No one is innocent, visiblement heureux d'être là joua beaucoup de morceaux de son dernier album et quelques anciens. A titre personnel, je regrettai certains arrangements primant l'énergie au dépend de la mélodie ainsi que le mauvais réglage du micro du chanteur... Les pogoteurs ne se souciant pas de mes réserves sortirent de leur hibernation et voltigèrent tels des derviches tourneurs aux rythmes des guitares de l'excellent groupe affûté comme aux premiers jours. De mon côté, je n'étais pas en reste et transpirai plus que lors de mon prochain cours de ragga dance hall. Vingt ans ont passé depuis leurs débuts mais la rage et l'énergie étaient toujours présentes ainsi qu'une envie évidente de s'éclater sur scène et avec son public. Le groupe fit d'ailleurs monter une partie de celui-ci sur scène, pour un morceau, illuminant le visage des plus jeunes (et de plus vieux). Une fois celui-ci terminé, les gens reprirent leur place. La chanson suivante permis aux pogoteurs de montrer à deux jeunes filles qu'elles n'avaient pas repris exactement leur place mais ne se firent pas prier pour s'écarter du « ring ». Le chanteur vint à son tour chanter au milieu du public pour une avant dernière communion. La dernière ayant lieu après le rappel. Embrassades du public par les membres du groupe puis un clin d’œil complice et une poignée de main amicale avec le chanteur scellèrent ce moment mythique. Je sortis de la salle et croisant le champion déçu je fut doublement soulagé car j'avais eu la preuve que le rock français n'était pas mort et que le sport de haut niveau en Charente non plus.
Pour les plus curieux voici des vidéos des deux références citées :
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