jeudi 12 mai 2022

Tool + Brass Against

Un soir où je patinais dans les nébulosités glaciales de l'internet - « oui bien sûr j'aurais pu surfer mais comme c'était l'hiver, l'eau avait gelé, puis ça m'arrange parce que je ne sais pas nager.... Certaines mauvaises langues diront que je ne sais pas patiner non plus, ce qui n'est pas tout à fait faux mais je préfère encore me casser le coccyx plutôt que de mourir asphyxié en absorbant des litres de liquides plus ou moins identifiés, identifiables ? honnêtes ? Surtout que l'internet ce n’est quand même pas toujours très propre... bref, je reprends ».
Un soir où je glandais sur l'internet, une information capitale vint me percuter ! Un de mes groupes favoris allait venir en France pour un concert unique ! Je notai alors sur mon agenda la date d'ouverture à la vente des billets avec mon sang. - « en fait je n'ai pas d'agenda, j'ai noté ça sur mon téléphone, du coup je me retrouve avec une tâche dégueulasse que je n’arrive pas à nettoyer... puis heureusement que je me souvenais de la date parce que ce n’est pas la tâche qui allait m'aider... et j'interdis à quiconque qui dit que c'est moi la tâche de lire la suite ! (même si je me demande si c'est vraiment une punition)».
Quelques semaines plus tard, à la date et l'heure prévues, je cliquais sur ma souris aussi fébrilement que frénétiquement afin de rafraîchir l'écran du site internet de la salle de concert devant m'accueillir (et accessoirement le groupe) jusqu'à trouver l'instant magique où au milieu de la foule de cliqueurs fous saturant le site, une bulle allait se créer où je pourrais enfin valider ma réservation.
Étant habitué à faire des miracles, je décidai de créer cette bulle et pris deux places pour que quelqu'un puisse s'occuper de mon confort, en portant mes bagages, en assurant ma sécurité, en m'aidant à m'hydrater et en s'occupant de la logistique routière.
Plusieurs mois plus tard, nous nous retrouvâmes donc dans un train nous menant vers la capitale, bière(s) à la main pour éviter de porter un masque durant tout le trajet (c'était la veille de l'abrogation de l'obligation du port du masque dans les transports en commun). Peu après midi, je sortis de mon sac à dos un frugal repas composé de deux parts de pizza, reste de la veille. Celle-ci m'ayant coûté 30 centimes de plus que d'habitude à cause du conflit Russo-ukrainien. En effet, le fournisseur de jambon de mon pizzaiolo lui facture 2 euros de plus par kilo. Je peux comprendre que les prix de certaines matières premières venues d'Europe de l'Est flambent comme le bois, le gaz ou les céréales, mais le jambon.... (surtout que des cochons, il y en a pas si loin que ça ; à en croire certains témoignages, on en aurait aperçu un gros récemment à la présidence d'Assu 2000). N'étant pas trop suspicieux, je vais considérer que le petit cochon qui a été l'heureux élu pour confectionner ce jambon était nourri aux céréales ukrainiennes, qu'il habitait une maison en bois parce qu'une maison en paille ça s'envole quand un loup souffle dessus et qu'il se faisait de bons petits plats à base de glands (pas de blagues graveleuses SVP) réchauffés grâce au gaz russe. Je comprends qu'il faille que je participe à son bien-être mais si je considère qu'il n'y avait pas de jambon dans ma pizza, je comprends que je me suis fait escroquer....
« Qu'en est-il des autres fins gourmets amateurs de plats napolitains ? » j'ai mené l'enquête !
Pour ce faire, je me suis fait aider d'une classe de CM1. Voici l'exercice que je leur ai demandé de résoudre :

Exercice de mathématiques niveau CM1 (30 minutes) :
Le petit Gontran va acheter une pizza dont un des ingrédients est du jambon, chez son pizzaiolo favori. Or, le fournisseur de ce dit jambon a augmenté son tarif de 2 euros par kilogramme. Le pizzaiolo a donc augmenté le prix de la pizza de 30 centimes d'euro.
I) Calculez l'augmentation que le pizzaiolo aurait dû pratiquer afin de conserver la même marge.
II) Le petit Gontran doit-il remercier le pizzaiolo de n'augmenter la pizza que de 30 centimes d'euros ? (nous considérerons ici que le petit Gontran n'est pas masochiste).
III) Le petit Gontran doit-il faire cramer le camion à pizza du pizzaiolo car celui-ci le prend pour un con ?
Afin de vous aider, une enquête a été réalisée afin de déterminer certains éléments qui vous permettront de résoudre cet épineux problème :
- Le kilogramme de jambon coûtait 10 euros avant l'augmentation (achat en gros dans un magasin spécialisé).
- En moyenne, le pizzaiolo se sert d'une tranche de jambon par pizza.
- Une tranche de jambon pèse 50 grammes.

Voici la réponse du meilleur élève de la classe, un certain Jean-Christophe. Bravo à lui pour son excellent travail !

I) Nombre de pizzas cuisinées avec 1KG de jambon :
1000/50 = 20 pizzas
Somme dépensée pour acheter du jambon avant l’augmentation par pizza
10/20 = 0,50 euros (soit cinquante centimes d'euros)
Somme dépensée pour acheter du jambon après l’augmentation par pizza
12/20 = 0,60 euros (soit soixante centimes d'euros)
Conclusion :
Pour garder la même marge, le pizzaiolo aurait dû augmenter sa marge de 0,60 – 0,50 = 0,10 euros soit 10 centimes d'euros.

II) Je ne pense pas que le petit Gontran doive remercier le pizzaiolo de « n'avoir augmenté le prix des pizzas que de 30 centimes d'euros » car l'augmentation aurait dû être 3 fois moins élevée. Si le petit Gontran avait aimé se faire attacher et suspendre par les testicules avec des crochets de boucher tout en se faisant fouetter avec des orties fraîches, nous aurions pu reconsidérer la question mais l’énoncé du problème nous laissait penser que ce n'était pas le cas (d'ailleurs je rappelle que je suis en CM1 et que j'ai 9 ans, je ne pense pas que de telles pratiques existent).

III) Il semble effectivement que le pizzaiolo profite de la conjoncture actuelle pour mettre plus de beurre dans ses épinards que de jambon sur les pizzas. Néanmoins vu le prix de l'essence, je pense qu'il n'est pas judicieux de mettre le feu à son camion, à moins de tenter de faire ça à l'aide d'une loupe qui réfléchirait les rayons du soleil en un seul point mais je pense que ce serait fastidieux. De plus, il risquerait provoquer un feu de forêt, ce qui pourrait faire augmenter le prix du bois et donc faire augmenter le prix de sa future pizza… Le petit Gontran devrait manger des fruits et des légumes au lieu de manger des pizzas (en tout cas, c'est ce que dit la maîtresse, même si j'ai l'impression que ce n'est pas ce qu'elle préfère avaler...).

Grâce à ce formidable travail du petit Jean-Christophe ainsi qu'à mon enquête, nous pouvons conclure que ce pizzaiolo vous escroque entre 20 et 30 centimes par pizza. Merci à lui !
Alors bien sûr, il y a plein de choses qui ont augmenté mais il ne faut pas me dire que c'est le jambon qui fait augmenter le prix de ma pizza, surtout quand il n'y en a pas dessus....
Mais laissons le cochon pour revenir à nos moutons, car je sais que vous voulez mon avis sur ce concert et vous savez que je n'ai pas l'habitude de tergiverser pendant vingt minutes avant de vous délivrer ma substantifique moelle. Même si au fond, nous pouvons nous demander si les préliminaires ne sont pas le sel capable de faire passer les plats les moins savoureux. Je pourrais, là aussi, demander aux CM1 de m'aider sur le sujet mais je pense qu'il serait plus intéressant et préférable de demander à leur maman.
Je commençais donc à manger ma pizza quand mon sherpa ayant refusé tous les en-cas proposés par sa femme, sûr de lui, me dit : - « je vais aller me prendre un truc au wagon restaurant ! ». Dix minutes plus tard, surpris de le voir déjà repus, je le vis revenir dans le couloir. - « Pas de bar, pas de wagon restaurant » répondit-il laconiquement à mon air interrogatif. Il est vrai qu'un coup d’œil au billet de train aurait pu suffire à le prévenir de l'absence de restauration. Il prit alors une bière de son sac et mangea égyptien (tout en canon). Non décontenancé, il se tourna vers moi et me dit, goguenard : - « je vais envoyer un message à ma femme pour lui dire qu'il n'y a rien à manger, je vais me faire engueuler ! Ah ! Ah !». Allez savoir pourquoi, je me suis demandé à ce moment-là, à quoi pouvaient servir les crochets de boucher que j'avais vus chez lui. 
Mes divagations furent soudain stoppées net par les 125 décibels de la sonnerie du téléphone d'une passagère à quelques sièges de nous. Après quelques : - « Allo ? Allo ? », elle raccrocha puis le téléphone sonna à nouveau. - « Allo ? Allo ? » puis raccrocha et ainsi de suite environ 127 fois. Mon sherpa regardant l'état du réseau sur son téléphone marmonna dans un rictus : - « zéro barre et zéro bar ». Content de lui, il m'a dit qu'il contacterait Richard Gotainer pour en faire un slogan pour la SNCF. N'ayant pour ma part aucun problème de réseau, j’en profitai pour demander sur messenger à mes camarades de classe, s'ils connaissaient de bonnes adresses pour se détendre aux alentours de notre hôtel. A la vue du nombre de réponses, je compris qu'ils ne pouvaient pas me blairer. Je fus alors pris par un long moment de nostalgie empreint de tristesse, où je me remémorai ces travaux en classe, ces applaudissements à chacune de mes interventions, ou encore la standing ovation au moment où je fus déclaré major de promotion... Ce moment me parut une éternité, j'eus même l'impression que le temps s'était suspendu, que le paysage s'était figé à la fenêtre du train, quand après quelques minutes, une voix retentit pour nous prévenir que le train était arrêté au milieu de la voie (et surtout au milieu de nulle part) et qu'il n'était pas très judicieux d'en sortir. D'habitude, mon sherpa serait allé pousser le train, mais là il n'avait pas mangé. Nous attendîmes donc patiemment que celui-ci reparte de lui-même. Ce qu'il fît au moment où la même voix que précédemment nous avertit d'un retard de 42 minutes. 
Notre périple se poursuivit en passant par la gare de Saint Pierre des Corps où mon sherpa s'esclaffa : - « Saint Pierre des Corps aux pieds ». Je fis semblant de ne pas l'entendre et de ne pas le connaître... De mon côté, en regardant par la fenêtre, je compris aisément pourquoi la ville voisine s'appelait Tours. Peu de temps avant l'entrée en gare, la voix prévint les personnes ayant une correspondance qu'il faudrait qu'elles courent pour ne pas la rater mais qu'il fallait tout de même faire attention à ne rien oublier dans le train, non pas par désagrément pour la personne étourdie mais pour ne pas pénaliser les autres voyageurs à cause d'une opération de déminage intempestive ; le train avait assez de retard comme ça ! Alors que certains descendirent du train, d'autres les croisèrent. Parmi eux, quatre jeunes drilles en partance pour Lille, chargés tels des dromadaires traversant le Sahara, bien décidés à ne pas se laisser endormir par le ronron du train. Mais contrairement aux camélidés, ne se sentant pas capables de tenir un mois sans boire, ils avaient pris leurs précautions et voyageaient avec des caisses de vin rouge « Domaine Leblanc ». Après avoir déchargé la plus grosse partie de leur cargaison à l'arrière du wagon, ils s'aperçurent que quelqu'un était assis à leur place. Le sosie officiel de Dominique Strauss Kahn se leva et trouva un autre siège non loin de là. Nos nouveaux GO, bien résolus à mettre l'ambiance, verres de vin à la main et rillettes sur le plateau central, ripaillèrent en répétant une composition musicale avec des « la la la la, la la la, pom, pom ». En fins connaisseurs, nous conclûmes qu'il s'agissait de musiciens de banda en vadrouille.
La fin du parcours ferroviaire approchant et étant moi-même prévoyant, je décidai d'aller aux toilettes pour évacuer certains liquides afin que le trajet de la gare à l'hôtel soit le plus confortable possible. Alors que j'observais toute la fine mécanique présente dans ces toilettes (SNCFment parlant, la mienne n'est pas si fine) et toujours en train d'évacuer ce qu'il fallait évacuer, une fan tenta de crocheter le verrou. Je me dis que de toute façon même si elle avait réussi son coup, il n'y avait pas assez de place pour deux personnes, à moins de dangereuses contorsions. Libéré de mes liquides, je sortis prêt à la rencontrer mais personne n'était derrière la porte ; la sécurité avait certainement géré la situation en toute discrétion. Je pouvais rejoindre mon siège sereinement, en passant devant nos joyeux lurons qui avaient donné un verre de vin à une dame, heureuse de partager ce moment et son adresse avec ces jeunes gens, sous l’œil méfiant (envieux ?) du sosie de DSK. La voix du contrôleur retentit une dernière fois, annonçant un retard de 52 minutes et le fait que la SNCF n'avait pas de solution pour les gens ayant une correspondance pour Lille. Heureusement que nos GO avaient été prévoyants, au moins ils ne mourraient pas de soif en attendant un hypothétique moyen d’arriver à destination.
Nous descendîmes de notre wagon, achetâmes le juste nombre de tickets de métro dont nous aurions besoin pour le séjour et cherchâmes un endroit pour nous reposer avant de reprendre la route vers l'hôtel. A peine étions nous sortis de la gare, que mon sherpa se fit alpaguer pour acheter un livre. Après une grande discussion philosophique sur les bienfaits de la lecture et sur l'organisation obscure qui s'occupait de cette initiative, mon sherpa donna 50 centimes à l'association et laissa le livre. Le quémandeur trouva que c'était peu mais mon sherpa lui fit remarquer que 50 centimes pour rien ce n'était pas une si mauvaise affaire. Après avoir avalé un chocolat chaud (une bière pour mon sherpa) dans un bar, nous prîmes le métro puis marchâmes en direction de l'hôtel, tout en cherchant du regard quels lieux attrayants pourraient nous accueillir avant et/ou après le concert. Nous avons arpenté quelques kilomètres mais ne vîmes rien de remarquable si ce n'est une dame qui déambulait si lentement qu'on aurait pu croire qu'elle faisait du sur place. Nous la doublâmes sans un regard puis quelques centaines de mètres plus loin, à une encablure de l’hôtel, nous la revîmes devant nous, toujours sur le même rythme, entrer dans un logement... Nous avions doublé le sosie comportemental de Droopy !
La porte de l'hôtel franchie, nous fûmes accueillis par un son étrange venant de l'ascenseur. Une chanson de JUL ? De Wejdene ? Nous allions vite le savoir... Quand la porte s'ouvrit, une femme de ménage, seule, apparut, parlant un dialecte inconnu. Levant la tête, elle s'adressa alors à la réceptionniste qui n'eut pas l'air de comprendre ce qu’elle lui disait, puis s'éloigna de nous lentement dans une brume bleutée. Qui était-elle ? Que voulait-elle ? Ai-je enquêté à ce sujet ? Non. Souhaitant finir cet article avant Noël (et surtout avant l'écriture d'un autre), nous conclurons par ce qui paraît être le plus logique, à savoir que nous avions certainement vu le fantôme d'une femme de ménage, coincée entre le monde des morts et le nôtre. La brume s'étant mystérieusement dissipée, je prenais les clés de notre chambre, curieux de voir à quoi ressemblerait notre pied-à-terre provisoire. Après 75 tours de clés, la porte s'ouvrit enfin sur une pièce sentant le tabac froid et sur un unique lit. Après avoir fait un bref tour du propriétaire, nous redescendîmes à la réception pour rendre ces clés et récupérer celles de la chambre que j'avais commandée quelques semaines plus tôt. Après d’âpres négociations pour obtenir notre dû, nous avons enfin pu nous installer dans notre chambre à deux lits ; je pourrais dormir sur mes deux oreilles sans craindre la potentielle affection nocturne excessive de mon sherpa. 
Nous fîmes une courte pause puis reprîmes une dernière fois la route vers la salle de concert. A peine avions nous fait quelques pas, que mon sherpa aperçut une petite épicerie locale ou sri-lankaise (je viens de perdre deux jours de ma précieuse vie pour être précis, ne me remerciez pas). Le trajet allait encore être assez long et il ne fallait pas se déshydrater... A l'intérieur, un homme remplissait de cannettes le sac en plastique d'un autre homme. Quand il eut fini, mon sherpa le questionna pour savoir s’il pouvait se servir à son tour. Les deux protagonistes le regardèrent un peu surpris par sa demande puisqu'il s'agissait en fait de deux clients. Ses trois paires d'yeux semblaient ne pas savoir comment communiquer les unes avec les autres. Le caissier intervint alors et fit un signe d’acquiescement. Après avoir fini nos emplettes et échangé quelques mots dans une nouvelle version d’Espéranto, nous reprîmes notre marche dans une brume bleutée et sous le regard médusé de nos nouveaux voisins. J’espère que vous aurez perçu dans ces lignes, la parabole humaine et philosophique transpirer (c'est vrai qu'il faisait tellement chaud que même la parabole transpirait).
Une bière dans une main et armé de son GPS dans l’autre, mon sherpa nous taillait la meilleure des routes à travers la jungle urbaine et hostile. Nous zigzaguions dans ses méandres au gré des travaux, des traversées de Seine et des pigeons morts. Un raccourci nous fit traverser un camp de sans-abris puis nous fit tomber nez à nez avec le périphérique parisien. Le seul passage qui semblait exploitable était un mince trottoir qui après de fines recherches se trouve être le plus étroit du monde. N’écoutant que notre courage, nous nous engageâmes dans un exercice de funambulisme sur cette liane de béton le long du périphérique sous les hourras et les bravos des automobilistes, des bus et des camions qui frôlaient nos épaules. A peine en avions nous terminé avec notre numéro d’équilibristes qu’un grand escalier s’imposait devant nous. Nous l’escaladâmes sans crampon ni piolet et nous retrouvâmes dans une allée surplombant le parc de Bercy. 
Là, sur un banc, trois individus, bières à la main et en tenues familières pour tout métalleux qui se respecte, nous regardaient arriver, avec dans les yeux cette impression de nous reconnaître comme faisant partie des leurs (même si nous n’avions plus de bières depuis bien longtemps). Nous continuâmes notre chemin le long du parc, sentant que nous nous rapprochions toujours un peu plus de notre but. Nous passâmes devant un skate-park désert mais quelques mètres plus loin nous vîmes des sportifs s’affairer. En effet, devant un maigre public, deux hommes jouaient au ballon sur un mini terrain de football en grande partie grillagé. Chacun d’eux, sans sortir de leur propre but, tentait à tour de rôle de marquer dans le but adverse. Le premier ressemblait vaguement à Bob Marley dans sa version footballeur mais c’est le second qui m’interloqua. En effet, malgré la chaleur, celui-ci portait un pantalon de ville, une chemise, un pull, une veste, des mocassins et une écharpe. De plus, à chaque fois qu’il devait arrêter le ballon, il se dandinait de droite à gauche, fléchi sur ses genoux, sans bouger ses pieds, les deux bras et les deux mains mi-tendus en direction de son adversaire. La seule et dernière fois que j’avais vu cette position était lors d’un reportage d’archive télévisuelle dont le sujet était la relation entretenue par les enfants d’une école primaire avec le sport dans les années 80. Nous restâmes quelques instants devant ce spectacle, émus de voir ces individus si différents, bien que n’ayant pas le même maillot, partager la même passion.
Les yeux légèrement humides, nous reprîmes notre traversée du parc de Bercy, croisant quelques autochtones flâneurs et/ou se restaurant ainsi qu’une collègue alpiniste qui tentait des sauts avec son chien sur la descente amenant l’eau vers le bassin en contrebas. Bientôt, nous avions la salle de concert en visuel. Alors que nous nous rapprochions de l’immense dôme de verre et de verdure, un dernier spectacle inattendu s’offrit à nous ; deux lutins comme sortis de nulle part bondissaient devant nos yeux écarquillés. Nous fîmes alors une dernière halte pour admirer ces deux jeunes yamakasis qui sautaient de pierre en pierre sur le Canyoneaustrate ; sculpture en béton crée par Gérard Singer représentant un plan d’eau et un canyon de multiples strates profond de cinq mètres, comme chacun le sait, bien évidemment. Le plus hardi des deux tentait des bonds assez impressionnants, parfois en aveugle, et sur l’un d’eux, eut à peine le temps de poser une main sur une pierre pour détourner sa trajectoire de la chute. N’étant pas venus pour assister à un suicide, nous les laissâmes à leurs pirouettes et nous dirigeâmes enfin vers la salle de concert. 
Là, un ballet humain désorganisé était déjà en cours de réalisation. Certains allaient à gauche puis revenaient à droite, certains montaient quelques marches puis les redescendaient ; tout le monde cherchait une entrée accessible. Nous décidâmes de contourner le bâtiment par la droite jusqu’à voir une file d’attente. Ne sachant pas où était située notre entrée, nous longeâmes celle-ci quelques dizaines de mètres, jusqu’à trouver quelqu’un capable de comprendre cette organisation. Un homme nous confirma qu’il n’y avait en fait qu’une seule entrée valable ce jour-là. Regardant la file d’attente bon enfant, avec certaines personnes qui discutaient sans avancer tandis que d’autres hâtaient leurs pas, nous nous aperçûmes que certaines personnes passaient sous le cordon délimitant celle-ci sans que quiconque s’en offusque. Y voyant un signe d’approbation, nous fîmes de même et nous économisâmes une grosse demi-heure d’attente. Étant arrivés en avance, la fouille réglementaire et l’entrée dans le hall de la salle furent rapides (contrairement à ceux arrivés juste à l’heure qui rateront la 1ere partie et une partie du concert). Nous y étions enfin ! Sur la gauche du hall, une scène nous intrigua ; des gens entraient et sortaient d’une salle en étant encore fouillés. Nous nous approchâmes et vîmes qu’il s’agissait d’un lieu de restauration disposant de tireuses à bière. Un rapide coup d’œil nous permis de voir que le lieu n’était pas encore investi par les hordes métalleuses. Ne sachant pas quand une pareille occasion de se rafraîchir le gosier avec un confort correct se reproduirait, nous nous décidâmes à entrer.
Il était encore tôt pour manger, puis nous avions déjà décidé de ne manger qu’après le concert. Le projet était ici de choisir sa bière, de la payer au comptoir puis de se déplacer vers la tireuse concernée où des préposés au tirage attendaient le chaland pour réaliser leur office. Mon sherpa fût le premier servi, puis quand vint mon tour, le fût était vide. La demoiselle qui devait me servir ne sachant pas quoi faire, nous attendîmes quelques minutes que quelqu’un descende au sous-sol pour nous dépanner. Pendant ce temps, certaines personnes s’étaient aperçues de notre bonne idée et bientôt il n’y eut pas assez de bras pour s’occuper des tireuses. Je me servis donc seul puis retrouvai mon camarade à 1,5 mètre de là puisque nous avions choisi de nous installer au plus près de la source houblonnée. Alors que nous sirotions notre nectar, un couple nous demanda s’il pouvait s’asseoir à côté de nous. Nous acceptâmes volontiers. Il avait choisi de prendre un repas type « hotdog frites ». Ces amis à usage unique qu’aurait adorés Tyler Durden venaient du Doubs. Lui distillait de la bière et elle était artiste peintre, mais ils nous apprirent surtout que la bière était à volonté à la condition de prendre un plateau repas. Nous décidâmes alors de rentabiliser le plateau repas que nous n’avions pas pris et allâmes nous resservir. Alors que je discutais avec mes amis, mon sherpa me prévint qu’il allait fumer. Quelques minutes plus tard, à l’heure où la première partie devait commencer le show, je fus surpris de ne pas avoir de ses nouvelles ; il était en fait déjà installé étant passé sans me voir. Alors que chacun trouvait facilement la porte d’accès à la salle dont la lettre était inscrite sur son billet, la difficulté consistait en fait à trouver sa place. En effet, les numéros des rangs se trouvant sur le bas des marches en écriture de type Arial taille 0,2, la moitié de la salle déambulait le dos voûté, la lumière du téléphone allumée pour tenter de décrypter les chiffres sur les marches. Cette chorégraphie fort réussie se répéta d’ailleurs à l’entracte et en réalité pendant toute la durée du concert. Enfin en place, nous pouvions apprécier le spectacle.

Pour être honnête, quand j’entrai dans la salle, Brass Against était déjà en train de jouer. Sur la scène, Sophia Urista s’époumonait toute de noir vêtue, du blouson aux cuissardes et passant par sa jupe courte et sa queue de pie, devant les quelques spectateurs qui avaient réussi à passer les contrôles de sécurité mais surtout l’exploit de trouver leur place. Elle était accompagnée d’un batteur, d’un guitariste, d’un bassiste et bien évidemment d’une demi-douzaine de cuivres, tous en blanc. Comme lors de mon précédent concert dans cette salle, le son était absolument immonde, épais, baveux telle la grosse langue du grand léchant mou. Heureusement que nous connaissions déjà la plupart des morceaux joués puisque le groupe reprend des titres de Rage Against The Machine, Tool, Audioslave, Led Zeppelin ou Deftones. Afin de protester contre un son si mauvais, la chanteuse aurait pu déféquer sur la scène mais ça n’aurait surpris personne puisqu’elle avait déjà uriné sur un spectateur quelques semaines plus tôt sans motif de protestation et pour le plus grand plaisir de celui-ci (il m’arrive d’écrire « pourquoi pas ?» mais ici un « pourquoi ? » suffirait…). Étant assis au balcon, au moins nous ne risquions rien. Le set de trois quart d’heure était puissant et plaisant. Le show était rodé et les titres suffisamment bien choisis pour être repris efficacement à la mode « fanfare ». Visuellement, néanmoins, je sentais bien que le groupe était clairement considéré comme une première partie puisque à part son nom derrière lui, seuls quelques spots de couleurs venaient agrémenter le show.


Quand le groupe quitta la scène, j’en profitai pour aller aux toilettes, comme environ 80% des spectateurs. De grandes files d’attente se créèrent alors, certaines pour l’évacuation des fluides mais d’autres, juste à côté, pour au contraire en combler les manques par des liquides houblonnés et encore d’autres pour acheter des souvenirs. Ce 3eme type de file, était beaucoup plus court. En effet, certains appelaient leur banquier en pleurant, tandis que ceux qui avaient déjà obtenu un prêt pour pouvoir acheter leur place de concert  s’en extirpaient d’eux même quand ils voyaient les tarifs affichés. De mon côté, je me faisais de nouveaux amis en attendant de pouvoir me soulager. Tous me confirmèrent que le son était mauvais. Cela me rassura quant à l’état de mes tympans mais m’inquiéta quant au concert qui allait commencer. Quand j’eus terminé tout ce que j’avais à faire dans la première file d’attente, je pris le même chemin que mes nouveaux amis dans la deuxième. N’ayant avancé que d’un millimètre et demi à l’heure à laquelle le concert devait commencer, je quittai mes camarades pour tenter de retrouver mon sherpa.

Comme pour la première partie, je commençai une partie de cache-cache avec ma place comme la plupart des spectateurs. Ces va-et-vient intempestifs ne semblaient pas déranger Tool qui était déjà occupé à combler son public. Le batteur, Danny Carey, se trouvait au milieu de la scène. Devant lui à droite et à gauche se tenaient Justin Chancellor (basse) et Adam Jones (guitare). Le chanteur Maynard James Keenan quant à lui, trimbalait sa crête écarlate en arrière-plan, arpentant l’arrière de la scène tel un lion en cage, tantôt à droite, tantôt à gauche et plus souvent dans l’ombre que sous les projecteurs. Le groupe était dissimulé derrière un gigantesque rideau transparent (jouant aussi bien à cache-cache qu’un enfant de 3 ans) et devant des projections de vidéos psychédéliques tirées des visuels habituels du groupe.
Nos tympans s’étant habitués à la bouillie auditive de la salle, nous pûmes apprécier la qualité indéniable des musiciens. Ce concert était l’exact contraire de celui de Metallica au Stade de France, où malgré un son tout à fait correct, seul le bassiste Robert Trujillo avait trouvé grâce à mes yeux (inutile de chercher cet article sur mon blog puisque j’avais décidé de ne pas écrire à ce sujet en signe de protestation). Vers la moitié du spectacle, le rideau s’ouvrit sous l’ovation du public. – « Les gars ! Le rideau est transparent ! Vous avez des problèmes de vue ? » me refusais-je de m’exclamer. La performance musicale des quatre membres du groupe était excellente, mystique et pêchue. Tool effectua un concert très millimétré, trop peut-être… En effet, le fait qu’il n’y ait que des places assises et le fait d’être interdit de prendre des photos sous peine d’être évacué de la salle manu militari par les vigiles, donnaient parfois l’impression d’assister au baptême d’un petit cousin éloigné. Le rappel par exemple fut annoncé par un compte à rebours de dix minutes… ne nécessitant donc pas d’acclamation du public pour voir revenir officier les maîtres de cérémonie de la soirée. Celui-ci attendit donc patiemment et gentiment leur retour. A l’instar de Metallica, Tool n’est pas un groupe porté sur la philanthropie ; preuve en est le prix des billets et des divers objets en vente, sans parler de la somme prohibitive qu’ont dû débourser les heureux propriétaires du dernier album. Alors que les crises sanitaires, économiques et autres se succèdent et que les gens ont, à mon sens, besoin de liberté et d’exutoires en tout genre, je trouve assez malvenue l’attitude « racketteuse » et castratrice du groupe qui jure de surcroît avec l’ambiance, la thématique et le style progressif de sa musique. La seule entorse à ce comportement despotique apparût lors de la dernière chanson du rappel. Le groupe, s’étant rapproché du devant de la scène, s’était assis pour une version acoustique. Mon sherpa commença à frétiller, croyant qu’un feu de bois aller être allumé et que le groupe aller faire une reprise de Maxime Le Forestier. Il n’en fût évidemment rien mais l’événement fût que le groupe, dans sa grande bonté, accepta qu’on les prenne en photo ! (mais sans flash ! faut pas déconner…).
La setlist du concert se consacra à 86% des morceaux du dernier album dans sa version physique (ou 70% de la version numérique, ben oui, jeune artiste, si tu veux gagner plus de pognon, fais des versions différentes, y aura toujours des cons pour les acheter…). La moitié du concert étant donc, si mes calculs sont bons (et ils le sont bien évidemment), promise à cet album. Les titres étant assez longs, il n’en restait que sept pour finir la setlist. Le groupe ayant sorti récemment une version remastérisée de son premier titre, il fallait, là aussi, en faire la promotion, limitant encore la place pour les autres morceaux… - « Tool a -t-il joué mes titres préférés ? » te demandes tu fébrilement ? Presque, puisque la plupart des morceaux sont excellents, néanmoins MON morceau était absent !! En effet, pas de forty-six & 2 ! Ni d'ailleurs de sober ou de schism…. A la place, nous avons eu droit à un solo de batterie filmé en vue de dessus décuplée à la manière d’un kaléidoscope.
A la lecture de ces quelques lignes, tu pourrais penser que je suis déçu mais il n’en est rien. La performance musicale était excellente et c’était ce que j’étais venu écouter, même si une dernière fois pour la route, le son de cette salle est définitivement médiocre.


Le temps était venu de quitter mes nouveaux amis et de m’en faire d’autres. J’abandonnais mon voisin, assis sur son siège les bras croisés, ressemblant à une espèce de bouddha occidental, dont le stoïcisme me laisse penser qu’il est peut-être encore sur place presque trois mois plus tard. De notre côté, nous reprîmes notre route pour aller nous sustenter.
Nous avions déjà repéré la brasserie qui devait nous accueillir et dans laquelle nous pourrions déguster un délicieux burger accompagné de ses succulentes frites maison. GPS en main, nous marchions vers la taverne promise, quand nous nous rendîmes compte que quelques groupes devant nous anticipaient nos changements de direction. C’était limpide comme de l’eau de roche, ils allaient au même endroit que nous. Qu’importe ! Nous accélérâmes le pas, nous étions prêts à jouer des coudes pour avoir la meilleure place qui nous revenait d’ailleurs de droit. Nous trouvâmes le raccourci que David Vincent ne trouva pas et entrâmes les premiers dans le seul endroit capable de nous donner à manger dans Bercy Village. La bave aux lèvres et les crocs affûtés nous demandâmes naïvement s’il servait toujours tout en commençant à sélectionner la meilleure table pour s’installer. Le couperet tomba : - « les cuisines sont nettoyées, nous ne servons plus à manger mais nous pouvons vous servir à boire ». Déception et damnation ! la faim se faisait sentir ! Nous sortîmes de cette gargote et écumâmes tout Bercy Village à la recherche de la moindre croûte de pain. En vain.
Note à Tool : penser à ouvrir un restaurant ouvert après minuit à Bercy Village afin de se faire de nouvelles couilles en or…
Il fallait se faire une raison, nous ne mangerions pas tout de suite… Nous repartîmes vers l’hôtel. Paris allait certainement mettre quelques-uns de ses meilleurs restaurants sur notre route. Mon sherpa reprit son GPS et nous marchâmes encore et encore. Nous traversâmes la Seine plusieurs fois, nous passâmes sur des voies indéterminées, nous vîmes un homme arrêter sa voiture sur le bord du fleuve et y jeter des sacs en plastique. Qu’importe s’ils contenaient Mimie Mathy, Passe-Partout, Passe-Murailles ou Passe-Moi-Le-Sel, des lingots d’or, la dignité et la pudeur des candidats des émissions de téléréalité, la recette secrète originelle de l’omelette de la mère Poulard, les plans de l’étoile noire ou l’identité de l’assassin de Kennedy. Il fallait que l’on mange ! Nous laissâmes donc ce louche individu à ses obscures affaires et reprîmes notre marche effrénée. 
Nous escaladâmes des panneaux de chantier pour nous frayer un chemin à travers des couloirs de travaux le long de la route pour le retour du spectacle de funambules. Mais aucun bouiboui n’apparaissait. Bientôt, nous étions seuls, plus de voiture, plus de bruit, rien, le néant, une ville sans néon, déserte et nous. L’hôtel se rapprochait de plus en plus (à moins que ce ne soit le contraire). Nos sens commençaient à se brouiller. Ivry serait elle capable de nous donner ce que Paris nous avait refusé ? L’hôtel était à 200 mètres tout droit tout au plus. Mon sherpa s’était fait une raison et je sentais bien qu’il fomentait le plan de braquer l’armoire de boites de conserves de l’hôtel pour se jeter sur le premier cassoulet de cheval venu. Sur la gauche, une lumière blafarde m’interpella. Sur le GPS, les deux trajets étaient aussi longs. Tels deux cadavres, nous nous dirigeâmes donc vers la lumière qui je l’espérais nous mènerait dans un dernier espoir, vers le paradis de la pitance. Quelques mètres plus loin, de la vie ! quelques âmes perdues ou tourmentées nous regardaient arriver (certainement dans une brume bleutée). Un marchand de Kebabs, puis un marchand de Burgers, puis de bœufs bourguignons, de crêpes corses, de sushis auvergnats, je ne sais plus, mes sens altérés par la faim avaient commencé à me faire délirer. Des restaurants étaient enfin prêts à nous accueillir. Les Burgers de Bercy s’étaient refusés à nous ! Qu’importe ! Ceux d’Ivry nous attendaient aguicheurs, le pain moelleux, le fromage dégoulinant, le steak chaud et juteux. 
Nous nous approchâmes du comptoir où une hôtesse nous accueillit. Étant les seuls clients, notre commande fût prise assez vite. Nous optâmes chacun un menu à deux burgers avec frites et boisson. Nous choisîmes la meilleure banquette d’où nous pouvions surveiller l’excellence de la réalisation de notre repas. Avant même la première bouchée, nous savions que la providence avait mis sur notre chemin le meilleur restaurant de la région parisienne. En effet, malgré la nuit avancée, quelques livreurs venaient chercher des commandes, un vigile surveillait la salle pour intervenir en cas de tentative d’enlèvement du chef et un panneau annonçait fièrement aux novices « Point B, les meilleurs burgers !». Nous y étions ! Nous allions manger les meilleurs burgers ! Qui eut cru que l’apothéose de cette soirée serait la restauration ? Quel délice, tout était excellent ! Je confirme que c’est les meilleurs burgers que j’ai mangés cette nuit-là. Heureux et repus, nous fîmes les quelques pas qui nous menèrent à l’hôtel. À côté de l’ascenseur trônait une armoire vitrée remplie de victuailles en tout genre avec des prix dignes des plus beaux objets collectors de Tool. Mon sherpa demanda s’il pouvait acheter quelque chose à manger mais le réceptionniste lui répondit que ce n’était pas possible la nuit. Nous rentrâmes nous coucher en nous demandant quel pouvait être l’intérêt d’acheter plus cher des articles aux horaires où ils sont accessibles ailleurs.
Le lendemain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, nous avons plié bagages de l’hôtel pour nous installer sur la terrasse d’en face afin que mon sherpa prenne un frugal petit déjeuner. Son café avalé, nous nous sommes dirigés vers la station de métro, passant par le marché, croisant nos voisins, nos amis, nos familles. Arrivés à la station, j’achetai un nouveau ticket de métro puisqu’il ne sert à rien d’avoir le bon nombre de tickets quand on les perd. L’émotion était palpable dans la rame au moment de quitter les Ivryens. Quelques minutes plus tard, nous arrivâmes à la station de la gare Montparnasse où éblouis par sa beauté, nous décidâmes d’en faire quatre fois le tour avant d’en sortir. Il allait être 10h30 et nous nous mîmes en quête de trouver un restaurant proche de la gare. La plupart d’entre eux ne servant qu’à partir de 11h, le choix fût beaucoup plus simple. Nous nous installâmes sur une terrasse face à la tour Montparnasse et nous commandâmes nos plats et nos bières. Je regrettais mes burgers de la veille en mangeant un pavé de saumon trop cuit. Notre repas englouti, nous allâmes vers la gare en essayant d’éviter les marchands de livres. Un touriste se fit aborder par une espèce d’évangéliste et lui fit comprendre avec un peu moins de patience que nous qu’il n’était pas intéressé par une place au paradis. Mon sherpa pris un litre de café bouillant pour attendre le train. Après avoir erré dans la gare, nous trouvâmes enfin des banquettes avec des coussins en bois pour patienter. Nous pûmes observer la faune en transit : tantôt des familles, tantôt des enterrements de vie de jeune fille, quelques oiseaux perdus, et même malgré le manque d’eau quelques raies. Au bout de quelques minutes, nous nous rendîmes à notre train dans lequel ma distraction, ainsi que celle de tout le wagon, fut l’observation d’un jeune couple catholique accompagné de ses trois enfants en bas âges. Le train nous ramena sans retard en gare d’Angoulême où je pus récupérer ma voiture que j’avais garée devant une résidence universitaire. Je ramenais mon sherpa chez lui. Puis enfin chez moi, je me dis que puisque je n’avais pas grand chose à raconter, j’écrirais un article court que je posterais dans les heures qui suivraient.

Pour les plus curieux, voici des vidéos des références citées :













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