vendredi 6 novembre 2015

Droop Lion & The Gladiators + Amnisty Unplugged

Alors que j'écrivais studieusement mon précédent article, je reçus un appel téléphonique. Au bout du fil (c'est une image, en effet j'ai reçu l'appel sur mon portable), une voix me dit : « Allô ? JC ?, c'est le dieu d'Ethiopie à l'appareil. Je sais que quand tu vas voir des concerts, il t'arrive d'écrire d'excellents articles les relatant. Aussi, je te propose de retrouver tes origines kényanes et de mettre à profit ton savoir-faire pour la bonne cause, la cause rastafarie. Je sais que tu ne refuseras pas, je te promets du spectacle, merci et à demain soir ». Raccrochant le téléphone, je m'entends encore marmonner : « je ne sais pas si il fume, mais il ne manque pas d'air celui-là.... ». Et c'est comme ça que je me suis retrouvé le lendemain à un concert de reggae pour rendre hommage à mes ancêtres.


Amnisty Unplugged était en charge de la première partie. Enfin, c'est ce que je croyais, jusqu'à ce que le chanteur nous annonce à la fin du set que le nom du groupe avait changé (ça me rappelle un groupe maintenant disparu...). Les morceaux étaient assez plaisants se rapprochant d'un reggae dub électro avec beaucoup de réverb. La bonne humeur du chanteur étant communicative, il arriva à faire chanter le public ; un bien bel exploit. Dommage qu'une de ses guitares n'a pas bénéficié de son enthousiasme et que personne n'a pu en entendre le moindre son. L'introduction s'étant bien passée, il était temps d'aller plus loin (c'est possible, si si.... comme disait l'impératrice).



La tête d'affiche pouvait entrer en scène, un sextet de neuf personnes (ça aussi c'est apparemment possible) nommé Droop Lion & The Gladiators et composé de deux claviers, d'un batteur, d'un bassiste, de deux guitaristes, d'un joueur de tambourin, d'un choriste et d'un chanteur (plus proche du lion que de Droopy) qui avait dû confondre cannabis et amphétamines. Les morceaux 100% pur reggae chantés par une espèce de chaman en transe jamesbrownique (non non, pas tout de suite) accompagnèrent le public jusqu'au bout de la nuit. A mille lieues de là, et pourtant à seulement trois mètres, le choriste qui avait été emmené là en lui tenant la main ne bougeait pas d'un cil. Était-il saoul ? Était-il malade ? Était-il aveugle ? Était-il membre d'une nouvelle philosophie stoïco-rastafarie ? Souhait-il rendre hommage aux victimes de Sodome et Gomorrhe ? Était-il une, plusieurs ou aucune de ces hypothèses ? Vais-je répondre à ces questions ? Vous le saurez si vous lisez la suite (J'aime m'inspirer de ce que je vois à la télévision, ici, vous avez un aperçu de l'art du teasing, ou comment faire naître un désir pour quelque chose qui n'a aucun intérêt. Ne me remerciez pas, ce cours était gratuit). Toujours est-il que l'homme est resté inerte pendant la totalité du concert. A ce moment là, je me dis que ça faisait un peu léger pour écrire un article et que le dieu d'Ethiopie s'était bien foutu de ma gueule. Je commençais même à trouver le temps long (15986 morceaux toujours sur le même rythme, c'est un peu lassant). Quelques personnes s'éclataient tout de même, deux quinquagénaires (je n'ai pas vu leur pièce d'identité, c'est ici un jugement purement capillaire) gesticulaient plus qu'ils ne dansaient pendant que d'autres courraient sur place en montant leurs genoux le plus haut possible. Au bout de quelques heures, alors que les personnes les plus fragiles du public commençaient à partir, elle apparut. Venue de nulle part (de derrière le public, en fait), une jeune fille fortement avinée se mit à parler et à draguer ouvertement un des guitaristes. Celui-ci, certainement « à cran » à cause de la tournée, la fit monter sur scène. Elle dansa alors lascivement avec lui (ce qui ne le laissa pas indifférent), lui noua son écharpe autour du cou, puis alla voir tous les musiciens. Le choriste, tout à son ouvrage, ne bougea pas une oreille. Elle en profita pour chanter dans son micro. Le chanteur qui était occupé à présenter les musiciens se retourna et vit l'intruse. Il fit un arrêt sur image et fusilla le guitariste du regard. Celui-ci prit un air penaud (qu'il ne joua pas) et la « sécurité » comprit qu'il était temps d'évacuer la fautive. 17 secondes plus tard, elle tentait un retour mais celui-ci avorta (ce qu'aurait dû faire sa mère ?). Le guitariste à l’affût, continuait de faire des clins d’œil à sa belle dès que le chanteur ne regardait pas. Le rappel effectué, le groupe rentra dans sa loge, non sans que le choriste salua le mur pour sa prestation. Il était tard comme disent les jeunes grenouilles et alors que je rentrais chez moi et que je n'avais reçu aucune effluve cannabique, les questions se bousculaient dans ma tête. Belle de nuit allait-elle récupérer son écharpe ? Est-ce que la nuit, tous les chats sont gris ? Le guitariste allait-il conclure ? L'appel du bar allait-il être plus fort que la pelle du guitariste ? Le reggae doit-il être légalisé ? Pourquoi Groquik a-t-il été viré de chez Nesquik ? Qui qui qui sont les Snorkies ? Qui a volé l'orange du marchand ? Quel événement de ce récit n'a pas vraiment eu lieu ? Et surtout, qui a donné mon numéro de téléphone au dieu d'Ethiopie ? Je me couchai avec mes questions en pensant que les voies de ce seigneur là étaient impénétrables contrairement à d'autres et qu'avec une conclusion aussi dégueulasse, il ne serait pas près de me rappeler de sitôt pour écrire un article.


Et pour les plus curieux, une vidéo de la seule référence citée :




jeudi 5 novembre 2015

No one is innocent + Romano Nervoso

Que s'est-il passé à Angoulême le 4 novembre ? 
Voilà une question qui n’intéresse apparemment personne et à laquelle je vais tout de même répondre (facétieux que je suis). Hier, donc, je suis allé voir mon premier concert de la saison et comme je suis de nature altruiste je vais me faire le plaisir de vous faire plaisir en vous en faisant le résumé le plus complet possible.

Ayant quitté mon travail relativement tard (17h30), il me restait trois heures à tuer avant l'ouverture des portes. « Quelle chance ! » me dis-je. En effet, qui ne rêverait pas qu'on lui donne trois heures sur son « compteur vie » ! Je me mis donc à la recherche de quelque chose d’intéressant à faire à Angoulême entre 17h30 et 20h30. Je cherche encore..... Je finis mon vain périple dans un restaurant de non gastronomie rapide, engloutis mon burger sans goût et partis attendre l'ouverture des dîtes portes sur le parking de la salle de concert. L'heure H tapant à la portière de ma voiture, je décidai d'entrer dans la salle de la Nef qui serait ce soir là, le temple du rock'n roll. Les guitares exposées sur les murs et la brume épaisse (dont j'ignore encore la provenance) donnaient à celle-ci une aura quasi mystique. Presque seul dans la salle, prévoyant, je décidai de rester en retrait de la scène pour laisser aux hypothétiques pogoteurs une place de choix devant la scène. Mais quelques secondes avant le concert, je compris que ceux-ci ne seraient pas légion, car hormis une demi douzaine d'adolescents, le public était composé de quarantenaires (voire de pré-retraités). Je décidai alors de braver le danger et m'installai au premier rang, attendant que le reste du public arrive. En effet, celui-ci était en train de s'adonner à une compétition du sport local à quelques mètres de là ; le levage de coude. Celle-ci prit fin par l'annonce de l'arrivée de la première partie du concert. Un quintet italo-belge de rock garage spaghetti arriva alors sur scène. Romano Nervoso, figure mi christique mi chabalesque avec paillettes sous les yeux et sur la veste entra en matière par deux cris primaux ; ça promettait du gros son. Après quelques minutes, pas de doutes, les promesses étaient tenues. Des morceaux énergiques, gras et une excellente maîtrise des chœurs ajoutés à une bonne présence scénique (dont un bain de public) satisfirent le public. L'arrivée du champion de la compétition précédant le concert ne déconcentrèrent pas le groupe. Le champion enchaîna quelques pas de danse et essaya de déplacer la scène en la poussant (...sans succès). Il invectiva même le chanteur lorsque celui-ci annonça un slow. Romano Nervoso clôtura sa prestation par une reprise de Christophe. C'est à ce moment là que j'ai appris qu'Aline se prononçait Maria en italien.



Fort de sa victoire, notre champion décida de rester dans la salle et de ne pas remettre son titre en jeu. Il essaya de se faire des amis en tentant des conversations que peu comprirent à en juger par les visages tantôt amusés tantôt perplexes de ses interlocuteurs. Il parla néanmoins de façon distincte de ses fractures et du fait qu'il avait perdu l'usage de ses doigts tout en les remuant. Il se dit ensuite qu'il pourrait peut-être s'occuper de la régie et monta discrètement sur scène. Mais à vouloir se faire à tout prix des amis on finit à se faire gratuitement des ennemis et fut raccompagné malgré son titre (quelle infamie) manu militari hors de la salle.

Quelques minutes plus tard, le dernier groupe de rock français depuis la dernière victoire par KO de Bertand Cantat entra sur scène. No one is innocent, visiblement heureux d'être là joua beaucoup de morceaux de son dernier album et quelques anciens. A titre personnel, je regrettai certains arrangements primant l'énergie au dépend de la mélodie ainsi que le mauvais réglage du micro du chanteur... Les pogoteurs ne se souciant pas de mes réserves sortirent de leur hibernation et voltigèrent tels des derviches tourneurs aux rythmes des guitares de l'excellent groupe affûté comme aux premiers jours. De mon côté, je n'étais pas en reste et transpirai plus que lors de mon prochain cours de ragga dance hall. Vingt ans ont passé depuis leurs débuts mais la rage et l'énergie étaient toujours présentes ainsi qu'une envie évidente de s'éclater sur scène et avec son public. Le groupe fit d'ailleurs monter une partie de celui-ci sur scène, pour un morceau, illuminant le visage des plus jeunes (et de plus vieux). Une fois celui-ci terminé, les gens reprirent leur place. La chanson suivante permis aux pogoteurs de montrer à deux jeunes filles qu'elles n'avaient pas repris exactement leur place mais ne se firent pas prier pour s'écarter du « ring ». Le chanteur vint à son tour chanter au milieu du public pour une avant dernière communion. La dernière ayant lieu après le rappel. Embrassades du public par les membres du groupe puis un clin d’œil complice et une poignée de main amicale avec le chanteur scellèrent ce moment mythique. Je sortis de la salle et croisant le champion déçu je fut doublement soulagé car j'avais eu la preuve que le rock français n'était pas mort et que le sport de haut niveau en Charente non plus.


Pour les plus curieux voici des vidéos des deux références citées :