lundi 5 mars 2018

Royal Republic + Blackout Problems

La Suède… ses fjärds, ses meubles en kit, ses pains grillés durs comme de la pierre, ses pains non grillés mous comme une chique de limace, ses formes magnifiques, pâles et envoûtantes, que l'on nomme Suédoises, et sa musique. Car la Suède est une patrie de musique ; c'en est même le troisième exportateur mondial. Afin de ramener sur Terre les idéalo-nostalgiques, je tiens à les prévenir que la musique n'est plus simplement un art depuis bien longtemps mais aussi (et surtout ?) un produit comme un autre qui s’importe et s'exporte, circulant de pays en pays, de personne à personne comme n'importe quelle maladie vénérienne. Mais il est déjà temps d'en finir avec cette introduction hautement culturo-politico-médicale afin de savoir si j'ai succombé au rock suédois de Royal Republic et surtout si tu seras toi aussi contaminé(e) par ces élégants Suédois. Ami(e) lecteur(rice), si tu lis cet article, c'est que tu es quelqu'un de goût mais aussi quelqu'un d'habile à décrypter la langue française, aussi je te félicite d'avoir aperçu mon spoiler.

Alors que je m'attendais à la foule des grands soirs, je m’aperçus bien vite que le concert du jour ne ferait pas salle comble. En effet, quand la première partie s’apprêta à entrer sur scène, nous n’étions qu'une vingtaine de spectateurs dans la salle. Qu'importe ! Je tenais à voir ce spectacle. En effet, qu'y a t-il de mieux qu'une paire de teutons qui gigote sur scène ? Deux paires de teutons qui gigotent sur scène ! Et c'est ce que l'organisateur nous proposait puisque quatre Allemands formant le groupe Blackout Problems prirent place devant nous. Le guitariste-chanteur peroxydé prit son micro et s'installa au milieu des spectateurs qui formèrent spontanément un cercle autour de lui. Le premier morceau était énergique et le chanteur, bougeant beaucoup, obligeait parfois le cercle de ses nouveaux amis à s'élargir. Quand le morceau fut terminé, le public applaudit. C'est alors que le chanteur me tendit sa main en signe, pensai-je, de remerciement pour mes applaudissements, pour me saluer ou me féliciter de mon accent lorsque je déclame dans la langue maternelle de Friedrich Hölderlin, le poème de Heinrich Heine : Die Loreleï. Mais il n'en était en fait rien puisque celui-ci ne me lâcha pas tout de suite et me mena vers lui tout en reculant vers la scène. Était-il tombé sous le charme de mon charisme légendaire et voulait-il que j’y monte pour effectuer un duo avec lui ou voulait-il simplement échanger sa place avec la mienne ? Eh bien étonnamment rien de tout ça, puisqu'il fit de même avec deux ou trois autres personnes, certainement dans le but de mettre les spectateurs les plus photogéniques devant lui ou plus simplement de rapprocher le public de la scène. Quand tout ce petit monde fut en place, le groupe recommença a jouer. Entre chaque morceau, le public déçu pour le groupe du peu de spectateurs, faisait le maximum pour le féliciter et l’encourager. Le chanteur voyant ces efforts répéta plusieurs fois qu'ils n’étaient pas des « fucking rock star » et que le plus important était la rencontre et le lien qui se créaient entre le groupe et le public (propos traduits de l'anglo-allemand par mes soins).

Aparté destiné à démontrer l’inefficacité des systèmes éducatifs de tous pays (et de toutes couleurs, merci Enrico) : As-tu remarqué que dans n'importe quel pays, le terme anglophone le plus usité est « fuck » alors que ce mot n'est pas enseigné par les professeurs dans les écoles ? Je te laisse réfléchir et déprimer (surtout si tu as des enfants scolarisés) à l'(in)utilité de ce que l'on apprend à l'école et à l’échec cinglant incombant à ceux qui font les programmes scolaires et qui créent des cadres qui font quinze fautes d'orthographe pour deux lignes de mails, qui n'ont aucune idée de ce qu'est la syntaxe ou la ponctuation et qui ont besoin d'une calculatrice pour multiplier deux nombres entiers positifs inférieurs à dix. Mais arrêtons de déprimer et retournons à nos sympathiques Allemands.

Toute cette fraternité me faisait chaud au cœur. Les morceaux dans la mouvance nu metal étaient nerveux et teintés d'effets sur les guitares. Ils oscillaient entre Sum 41, Limp Bizkit et tendaient même parfois vers 30 Seconds To Mars. La salle se remplissait gentiment au fur et à mesure (merci Liane) que les titres s’enchaînaient. Pour le dernier morceau, les deux guitaristes descendirent au milieu du public pour un duel instrumental qui fit regretter aux retardataires d'avoir repris une part de tarte au lieu de se dépêcher pour arriver à l'heure. 



Après des applaudissements bien mérités et une pause de vingt minutes, les quatre membres du groupe Royal Republic, pantalons noirs, chemises blanches, gilets de costume et chaussures vernis, pouvaient faire leur entrée. Le style un peu trop rock à Billy des premiers morceaux m'inquiétait un peu, mais je fut vite rassuré par la suite. En effet, ceux-ci devinrent beaucoup plus bruts et claquaient comme des coups de cravache sur des fesses amicalement soumises. Musicalement, les Suédois oscillaient entre leurs compatriotes de The Hives et Electric Six. Ils se servirent de mini reprises (Sex Machine de James Brown et Battery de metallica) pour introduire deux de leurs titres. Puis, entre deux blagues, les musiciens échangèrent même leurs instruments pour une reprise complète de Roxane de The Police, laissant le micro au batteur. Celle-ci ne restera certainement pas dans les annales mais aura amusé un public conquis. Celui-ci n'aura même pas eu besoin de demander un rappel puisque ces facétieux Suédois firent fi de cette folklorique tradition et ne quittèrent la scène que pour aller enfiler de superbes vestes bleues. Ce qui amusa beaucoup un spectateur qui interpella le chanteur dans un anglais très approximatif et qui le laissa aussi perplexe que le reste de la salle. Je supposai qu'il faisait allusion au Blue Suede Shoes d’Elvis, mais j'ai peur qu'il soit réellement le seul à le savoir. Après un léger débriefing devant un breuvage houblonné et après avoir récupéré une affiche pour la décoration de ma nouvelle habitation, repensant à l'intervention de ce charentais presque anglophone, je me dis que le King était peut être mort mais que même sans lui la musique pouvait être royale. Le roi est mort, vive Royal Republic.



Pour les plus curieux, voici des vidéos des références citées (zut, il n'y a plus de place pour Enrico et Liane, dommage) :