Alors que mon article précédent était sensé être le dernier de cette saison de concert, votre œil aiguisé et votre sens inné de la déduction viennent de vous prouver le contraire. En effet, à la vue des lignes qui suivent, vous avez déjà compris que le bouquet final s'offrait à vous telle une fille ramenée par hasard un soir de beuverie et dont la vertu a disparu il y a bien longtemps (l'histoire ne dit pas si c'était une nuit de pleine lune). Allez vous traiter cet article comme ce partenaire sexuel ? Allez vous lui passer dessus ou le respecter comme il se doit ? Allez vous refermer la porte de votre cœur (ou d'autre chose) sans y toucher ? Ou allez vous crier « il m'en faut d'autres !!! » ? Je n'ai pas la réponse et vous laisse à votre vie privée. Quoi qu'il en soit, il est là, devant vous, abandonné.
Faites lui plaisir ! Faites vous plaisir !
Nous avons déjà perdu trop de temps, sans plus de préliminaires attardons nous sur Le A qui ouvrait le bal il y a déjà quelques jours.
Arrivé de bonne heure, j'attendais patiemment le début du concert dans une salle qui peinait à se remplir quand elle sont arrivées. Deux d'entre elles ont pris des guitares et la dernière s'est installée derrière ses claviers. Il y avait aussi un batteur mais, allez savoir pourquoi, j'y ai moins prêté attention. Les morceaux étaient mélodieux, les chants de une à trois voix étaient doux. Leur pop synthétique était tantôt mélancolique, tantôt féerique, parfois psychédélique et d'autre fois rock. Elle oscillait entre Émilie Simon et Tool. Comme le reste du public, j'étais sous le charme de ces nixes qui ne chantaient que pour moi. Je ne sais pas d'où est venue la tristesse que j'ai ressentie, un conte des temps anciens hantait mon esprit et mes sens. C'est moi qui levait les yeux pour regarder la scène et j'étais englouti corps et biens. En ce début de soirée, c'est ce que Le A a fait. Alors sans conteste, il le mérite (le A, ha ! ha ! ha !). La mère de Sophie Davant avait d'ailleurs spécialement fait le déplacement pour voir le groupe bordelais tout comme le sosie officiel de Patrick Bruel.
Pendant que Le A vendait quelques Cds dédicacés à son nouveau public, une jeune fille se pensant plus souple qu'elle ne l'était, faisait l'animation pour ceux restés dans la salle en ramassant son gras sur la moquette et en manquant de peu d’entraîner son amie avec elle. Cet entracte improvisé terminé, la plantureuse Dallas Frasca, cheveux rouge, tout de noir vêtue, entrait en scène. En plus de la chanteuse, le trio très énergique était composé d'un batteur et d'un excellent guitariste chétif dont l'accoutrement et la longue barbe me faisait penser à un vieux paysan des états du sud américain. Après avoir montré ce qu'il y avait sous sa jupe à un photographe, Dallas Frasca prit un bain de foule dans une salle devenue pleine. Celle-ci demanda au public de s'accroupir pour un morceau mais c'était sans compter sur un irréductible situé juste à côté de moi qui était bien décidé à garder sa station debout. Celui-ci avait beau tenté de lui expliquer (sans parler) qu'il ne pouvait pas s'exécuter à cause de ses opérations aux genoux, il dû quelques secondes plus tard obéir à Dallas et à son univers impitoyable, sacrifiant deux rotules pour l'occasion. La batterie et la guitare frénétique (presque métalleuse) se mariaient parfaitement avec la puissance de la voix pour un concert très rock. Un rappel à cappella et la possibilité de voir un troisième groupe atténuèrent la déception consécutive à la fin de ce set.
Le dernier groupe à se présenter sur scène était The BellRays. Ne comptez pas sur moi pour confirmer s'ils portent bien leur nom ; le batteur étant assis c'est déjà un premier frein à toute hypothèse. Celui-ci n'était autre que David Starsky qui malgré un talent indéniable avait, semble-t-il choisi l'option trompette en début de carrière tant il gonflait curieusement les joues à chaque coup donné sur ses fûts. Ken Hutchinson n'étant pas disponible, c'est Lény Escudero qui gérait la basse. La fille du capitaine Dobey (comme certains spectateurs) était au chant (la précédente parenthèse ne signifie pas que certains spectateurs étaient au chant). A la guitare électrique se tenait l'excellent Garth Algar qui s'était fait couper les cheveux pour l'occasion. N'étant pas dans un magasin de musique, il en profita pour reprendre un morceau de Led Zeppelin. Le blues punk de The BellRays battait son plein devant un public ravi quand un spectateur un peu trop à l'aise se fit sortir de la salle dix minutes avant la fin du concert et trois secondes après avoir allumé sa cigarette. Ceci n'entama en rien l'enthousiasme du groupe et encore moins celui des quelques danseurs composés notamment de deux filles hystériques et d'un gorille tatoué à casquette qui agitait frénétiquement le poing comme s'il masturbait un bonobo coincé dans un acajou. Le groupe fut rappelé puis fit une surprise au public en lui offrant un morceau en duo avec le groupe précédent. Les deux chanteuses rivalisèrent alors de rage en accompagnant les riffs musclés de leur guitariste. Cet ultime morceau terminé, après avoir enjambé deux rotules qui traînaient sur la moquette, je rentrai chez moi avec mon album dédicacé par deux chanteuses de Le A, fier d'avoir fait ma bonne action de l'année en encourageant un jeune groupe prometteur.
Pour les plus curieux, voici des vidéos des références citées :