Une semaine après avoir repoussé mes tympans dans leurs derniers retranchements, grâce à la fureur contrôlée et à la lumineuse noirceur de ce que le métal fait de mieux, j'ai décidé de me laisser apprivoiser par un concert annoncé "pop" par l'organisateur.
The Patriotic Sunday était chargé de la première partie. Mais dans les faits, ce n'était pas tout à fait le cas. En effet, le groupe de cinq personnes n'était ce soir là composé que du chanteur uniquement armé de sa stratocaster. A priori, je ne voyais que Rémy Bricka capable de faire de la pop seul sur scène mais je préférais laisser le bénéfice du doute à ce courageux musicien. Je vois d'ici des sourcils se froncer et j'en entends déjà arguer que Rémy Bricka n'a jamais fait de pop, mais de la variété. A ceux-là, je réponds que je n'ai jamais écrit qu'il faisait de la pop mais qu'il était le seul à être "capable" d'en faire seul sur scène. J'ajoute qu'ils feraient mieux d'apprendre à lire au lieu de m'interrompre dans l'écriture de cet article, qui une nouvelle fois, repoussera les limites de la littérature et fera passer Chateaubriand pour un illustre scribouillard.
Dès le premier morceau, le public s'aperçu que le chanteur n'était en fait pas uniquement accompagné de sa guitare mais aussi d'une grosse panne de micro (ami(e)s contrepéteurs, ceci est pour vous) (et voilà comment on déplace les limites de la littérature et surtout comment on fait se retourner dans sa tombe un Chateaubriand telle une vulgaire crêpe un jour de chandeleur). Il fallut attendre quatre ou cinq morceaux pour que l'on songe à le changer (le micro, car le chanteur avait l'air propre depuis longtemps). Comme je le supposais, le set n'était pas pop mais se laissait écouter sans déplaisir. Le cinquième de The Patriotic Sunday tentait des changements de rythme dans ses morceaux mais n'est pas Syd Barret qui veut (il n'y en a d'ailleurs plus depuis dix ans). Le musicien sympathique invita le public à venir le voir à l'entracte pour acheter ses disques mais le Pierre Richard du jour les avait oubliés. Il était temps d'accueillir quelqu'un d'un peu plus professionnel : Rover (de son vrai nom Timothée Régnier).
Tout de suite, je me demandai ce qui avait poussé le chanteur à délaisser son prénom de shampoing pour un nom de voiture. Après une intense réflexion je ne trouvai que Tahiti Bob qui avait lui aussi un prénom de produit de lavage de cheveux. Celui-ci étant le méchant dans les Simpsons, la réaction du chanteur était logique ; il fallait changer. Mais pourquoi pour un nom de voiture ? N'écoutant que mon courage, malgré le risque évident d'une rupture d'anévrisme, je me mis à chercher qui avait bien pu lui inspirer cette idée. Renaud ? Je vois encore des gens qui protestent en disant que celui-ci n'est pas chanteur. Je n'ai jamais écrit que la personne qui avait inspiré ce changement d'identité était forcément un chanteur, de plus je trouve dure cette objection car même si à titre personnel, je préférais quand il buvait, ce n'est pas une raison pour critiquer quelqu'un qui a quand même écrit de très jolies chansons. Puis, pour une fois que personne n'est saoul dans un de mes articles... K-Maro ? N'aimant pas le comique de répétition, je m'éviterai donc de faire un "copier-coller" de la protestation précédente. Amel Bent (abréviation de Bentley) ? Je ne suis pas certain qu'il la connaisse (objection retenue votre honneur, j'avoue que cette remarque est totalement gratuite, en plus, elle est surement très sympathique). Mercedes Sosa ? N'aimant pas le comique de répétition... (c'est bizarre, des fois j'ai des impressions de déjà vu, pas vous ?) Quand je pensai à Lolo Ferrari, je sentis qu'il était temps de ralentir le fil de ma réflexion. Puis quand MC Hummer et Mini Mathy tentèrent d'entrer dans mon esprit perturbé, je décidai de refermer la porte de celui-ci à double tour et décidai arbitrairement que Rover s'était inspiré de Honda, le sumotori du jeu Street Fighter.
Ayant la réponse à une question qui me semblait primordiale, je pouvais enfin me consacrer à la musique de la tête d'affiche de la soirée. Et une deuxième question tout aussi importante me taraudait l'esprit : Une semaine avant de perdre aux victoires de la musique, est-ce que Rover allait gagner mon respect musical (ce qui est bien plus important). Le suspense étant insoutenable, je répondrai donc tout de suite : oui. En effet, les morceaux étaient travaillés sans être pour autant alambiqués (voir la première partie). Même si il y avait du Bowie dans sa musique pop rock, le plus frappant pour moi était la voix. En fermant les yeux, on aurait pu croire que le chanteur du groupe Soror Dolorosa était sur scène mais comme peu d'entre vous le connaissent, disons qu'on aurait cru que le chanteur de The Sisters Of Mercy était sur scène (comment ça, c'est pas connu ?). Afin de satisfaire des lecteurs non versés dans le rock gothique, disons qu'on aurait cru que Neil Hannon (le chanteur de The Divine Comedy) était sur scène (je n'ai pas plus connu, désolé). A noter aussi que ce chanteur peut être désopilant (rien à voir avec les poils). Voici un exemple de ses blagues : il a voulu acheter du Cognac à Cognac et quand il ira à Rennes il achètera des rennes. Tremble Monsieur Carambar ! Au moins, si sa musique pop rock ne marche plus, il aura une carrière de comique troupier qui lui tendra les bras. Je rentrai chez moi, ravi par ce concert qui devait être le dernier avant un mois. Mais c'était sans compter sur ce qui allait suivre (si là, il n'y a pas du teaser de ouf ...).
Pour les plus curieux, voici des vidéos des références citées :
Vu ce qui suit, je ne vais pas vous infliger : K-Maro, Amel Bent, Mercedes Sosa et MC Hammer.
Truc caché : un morceau caché est un morceau qui n’apparaît pas sur la jaquette d'un album et qui se situe en général à la toute fin de celui-ci. Ici, un article est presque caché (je suis nul à cache-cache) et vu ce qui suit, il aurait été très pompeux d'écrire article caché.
La semaine dernière passait dans mon fief Panzer Flower. Je n'avais pas vraiment prévu d'aller écouter ce groupe mais comme je ne crache pas sur un peu d'électro pop de temps en temps, je me suis dis : "pourquoi pas". Aucune première partie n'étant prévue, le concert devait débuté à 22h00 mais surement pour attendre un public nombreux (qui eut le même succès que le raccourci que cherchait David Vincent) il débuta avec un bon quart d'heure de retard. Un batteur et deux dj étaient chargés d'animer la soirée. Les premiers morceaux étaient rythmés par une batterie omniprésente. Un des dj, légèrement énervant, tentait de réveiller les 34 personnes du public en gesticulant frénétiquement (je crus tout d'abord à une crise d'épilepsie mais ne voyant personne intervenir je conclus à un jeu de scène bien dégueulasse). Au bout de trois ou quatre chansons, le rythme ralentit et les morceaux commencèrent à perdre de l'intérêt. C'est à ce moment précis qu'elles entrèrent : une bonne demi-douzaine de filles excitées à défaut d'être excitantes. Elles se mirent à danser et le spectacle en plus d'être visuel devint olfactif. Tantôt des odeurs de parfum, tantôt des effluves d'alcool, parfois une subtile fragrance de tabac et souvent des relents de transpiration. Une d'entre elles dansait même entre les morceaux. Du coup, je trouvai le dj nettement moins agaçant et je compatis même un peu quand celle-ci rala auprès du groupe que les chansons étaient trop molles. La bonne nouvelle, c'est que mon agacement fut de courte durée puisque quatre ou cinq morceaux plus tard, le groupe fit un rappel avec une seule chanson. A 23h, savates aux pieds, dans mon canapé, je me demandais si j'avais bien assisté à ce "concert" ou si je l'avais rêvé.