samedi 1 novembre 2014

Lidwine

« Que faire un 31 octobre ? » Tous les esprits sous développés répondront : "fêter Halloween !" sans même savoir ce qu'est Halloween, ses origines, son histoire, sa vie, son œuvre... Personnellement afin de lutter contre la débilité ambiante et l'unification des pratiques (pas uniquement sexuelles espèce de pervers), j'ai décidé d'aller écouter chanter une fée. J'ai donc pris ma voiture, et après avoir croisé quatre fantômes, je me suis garé devant les anciens abattoirs de Cognac où devait avoir lieu le concert. Manifestement pour coller à la thématique, peu de gens avait décidé de venir et j'abandonnai ma voiture dans cette rue-fantôme. J'entrai le premier dans la salle et pu à loisir contempler les rares personnes qui allaient assister au spectacle que je souhaitais féerique : des personnes âgées, des enfants et des gens qui n'attendent pas Halloween pour se goinfrer de sucreries à en juger par leur format. Un couple avait décidé d'amener deux démons déguisés en enfant afin de mettre un peu d'ambiance au milieu des trente personnes présentes. Qui peut venir avec des enfants agités assister à un concert quasi acoustique ? Je ne sais pas, ah ben si, maintenant je le sais. 

Le concert de Lidwine pouvait commencer. Les enfants s'étaient assis au premier rang, ce qui est logique puisque à l'école, on leur demande de le faire à chaque fois qu'ils vont voir un spectacle. La race humaine étant en fait composée de beaucoup de moutons, certaines personnes les imitèrent croyant peut-être assister à un concert de Daniel Guichard, à une rassemblement du troisième âge ou à une réunion Weight Watchers. De mon côté en hommage à tous les myopathes, les paraplégiques et les femmes enceintes qui n'ont d'autres choix que de rester assis contre leur gré, je restais debout. Cette verticalité symbolisant à la fois le lien entre les cloportes assis et l'inspiration de l'au-delà et un cri de rébellion "anti-halloween" et pro-Robert Marley à savoir "bouhhhh Halloween" et "stand up for your right to be standing". Cette position enfin me permettait d'avoir une meilleure vue sur la scène, une meilleure acoustique, le privilège de ne pas m'asseoir sur une moquette moche et crados et la possibilité de faire onduler mon corps au rythme délicat des vibrations des cordes de la harpe et de l'harmonium indien. En effet, qui peut danser assis ? Pas le public présent, par contre il pouvait parler et ne s'en privait pas. Les seuls cependant qui se firent gronder furent les enfants. La dame avachie devant moi asséna un "chuuuutttt" à ceux-ci médusés ; non contente d'avoir mangé leur part de bonbons ainsi que celle de leurs parents elle leur adressait un reproche qui signifiait "mais bordel de merde, vous avez rien d'autre à foutre que de gâcher mon plaisir ! Et vos cons de parents, ils attendent quoi pour vous dire de fermer vos gueules !". D'autres se dirent que prendre des photos avec un flash dans une salle obscure ne dérangerait personne. La palme du "meilleur" public revenant à notre bourreau d'enfants qui a cru (et croit encore) pendant tout le concert que Lidwine lui parlait personnellement et qui donc lui répondait à chaque fois qu'elle s'adressait au public. Trente personnes dans la salle dont vingt neuf boulets et pas un canon, si c'est pas le syndrome Halloween.....Difficile donc de faire abstraction de ce qui se passait dans le public mais sur scène, la voix cristalline de Lidwine aurait bercé mon âme si je ne l'avais pas déjà vendue depuis longtemps. Avec pour seul accompagnement un batteur électronique (et pas électrique comme on en trouve dans beaucoup de cuisine mais pas dans la mienne), elle fit un show forcément minimaliste mais de qualité. Je repérai néanmoins assez vite un manque d'intensité dans sa voix qu'elle expliqua plus tard ; elle avait une extinction de voix. Le spectacle fut donc logiquement écourté et c'est interrogatif que je rejoignais ma voiture : "est ce qu'avec sa voix normale, elle aurait comblé le manque de densité entendu sur certains morceaux". En effet, Lidwine m'a fait pensé à Björk tant vocalement qu'instrumentalement et je suis persuadé qu'un autre instrument devrait être associé à sa harpe pour mieux en apprécier la délicatesse et obtenir ainsi des morceaux plus envoûtant. Je rentrais donc chez moi et croisant deux enfants déguisés à 22h24 en train de faire du porte à porte je me dis que la connerie humaine avait encore de beaux jours devant elle.



Pour les plus curieux, voici des vidéos des deux références citées :